Des lâchers de guêpes asiatiques pour sauver les cerises d'Ardèche

Des centaines de guêpes asiatiques ont été lâchées dans un verger à Désaignes, en Ardèche. Il s’agit d’une expérimentation pour limiter les dégâts causés par la prolifération des mouches sur les cerises.

C’est une expérimentation originale. À Désaignes, en Ardèche, 300 guêpes asiatiques ont été lâchées dans un verger de cerise. L’objectif ? Lutter contre les mouches qui mettent en péril les récoltes.

Car ces dernières années, la mouche asiatique de l’espèce Drosopholia Suzukii, est un véritable fléau. Présente massivement sur le territoire français, elle s’en prend aux cerisiers en pondant ses œufs dans les fruits mûrs. La ferme ardéchoise "Bogue et châtaigne", où a lieu l’expérimentation, a ainsi vu 70% de sa récolté détruite en 2023.

"Quand il fait chaud, la Drosophila Suzukii se multiplie très rapidement et du jour au lendemain, dans nos vergers, on sent une odeur de vinaigre et les cerises sont immangeables", témoigne Christel Cesana, productrice de cerises et vice-présidente de la chambre d'agriculture de l'Ardèche.

Plan d'urgence pour sauver la filière de production des cerises

Pour lutter contre l'insecte, les producteurs français de cerises disposaient de plusieurs traitements chimiques, dont l'Imidan, que la Commission Européenne a interdit début 2022 en raison de risques sanitaires pointés par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments.

Face à la menace qui pèse désormais sur la filière de production des cerises en France, l’Etat a lancé un vaste plan d’urgence à l’automne 2023 pour indemniser les arboriculteurs et financer la recherche.

L’expérimentation du lâcher de guêpes a été encadrée par l’INRAE. Trois de ses chercheurs ont ainsi escorté les guêpes à 600 mètres d’altitude. Ces insectes de l'espèce "Ganapsis cf. brasiliensis" sont élevés dans un laboratoire de Sophia Antipolis depuis 2016, pour s’attaquer aux larves de la mouche Drosopholia Suzukii.

Une vingtaine d’autres lâchers de guêpes est prévue cette année, en particulier dans le sud-est de la France. "Il s'agit d'une phase expérimentale qui peut durer plusieurs années", précise Nicolas Borowiec, ingénieur de recherche à l'Inrae. "Il faut qu'on acquière suffisamment de données pour envisager une phase de déploiement à grande échelle", ajoute-t-il.

Les résultats du lâcher seront suivis de près par les équipes de chercheurs. Mais tout miser sur cette technique sera insuffisant pour réguler la population de mouches, affirme Nicolas Borowiec. D'autres expérimentations, telles que l'introduction de Drosophila stériles, sont ainsi à l'étude en parallèle. 

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