Une minuscule mouche invasive venue d'Asie menace toute la filière de la cerise française. Les insecticides utilisés pour l'éliminer sont désormais interdits en France. En Auvergne Rhône Alpes, les producteurs d'Ardèche et du Rhône sont désemparés.
Sale temps pour la cerise française.Un minuscule moucheron aux gros yeux oranges menace toute la filière. Drosophila suzukii s'attaque à la plupart des fruits à chair tendre, avec une prédilection pour les cerises. Venue d'Asie il y a une dizaine d'années, cette petite mouche vorace se reproduit à toute vitesse en pondant ses oeufs dans les fruits à maturité, les rendant impropres à la consommation.
Des insecticides interdits en France
Pour lutter contre l'insecte, les producteurs français de cerises disposaient de plusieurs traitements chimiques, dont l'Imidan, que la Commission Européenne a interdit début 2022 en raison de risques sanitaires pointés par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments. Un "risque élevé pour les consommateurs et pour la faune" a été avancé pour justifier l'interdiction de ce type de pesticide.
Désormais démunis face à la mouche asiatique, les producteurs de cerises de l'Ardèche, du Rhône, du Gard et du Vaucluse sont désespérés. Lundi 16 janvier, plusieurs dizaines d'entre eux se sont rassemblés sur leurs tracteurs à Tournon en Ardèche pour exprimer leur détresse.
"Papy a planté, papa aussi et moi je dois arracher : voilà l'un des messages affichés sur les banderoles des manifestants. "Déjà en 2016, le ministère nous avait déjà retiré l'usage de certaines molécules efficaces contre cet insecte ravageur. Aujourd'hui, il nous retire le dernier insecticide dont nous disposions contre la drosophila suzukii", souligne avec amertume Aurélien Soubeyrand, président de la fédération ardéchoise des producteurs de fruits. "Le risque, c'est de retrouver désormais sur les étals des cerises ramassées roses voire blanches parce qu'on ne peut pas attendre que les fruits soient mûrs".
Des filets anti-mouche efficaces mais onéreux
En Ardèche, à Saint Barthélémy le Plain, au milieu de leurs cerisiers, Florian Chapelle et son père sont eux aussi désemparés. "On a quatre hectares de cerisiers sur l'exploitation et on va sans doute être obligés d'arrêter cette production" déplorent les deux hommes. Il existe bien une alternative aux traitements chimiques : la pose de filets sur les arbres pour empêcher les mouches d'atteindre les fruits. "Mais c'est un investissement important impossible à répercuter sur le prix de vente des cerises" précise Florian Chapelle." De plus, sur des terres en coteaux comme les nôtres, poser des filets est très compliqué".
Les producteurs de cerise sont d'autant plus amers que les traitements interdits en France ne le sont pas dans d'autres pays européens, dont la production est bien présente sur le marché français. "Comme le gouvernement l'a déjà fait, sur la betterave par exemple, il faut accorder des dérogations sur l'usage des insecticides jusqu'à ce qu'il y ait des solutions alternatives qui sont pour l'instant à l'étude" réclame Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, présent lundi à la manifestation à Tournon. Une délégation de producteurs devrait être reçue prochainement au ministère de l'Agriculture. Mais le prochain temps des cerises s'annonce mal pour la filière française.