Le maire de Berzème, élu en 2020, a reçu une nouvelle fois un courrier menaçant. La préfecture de l'Ardèche soutient l'élu et vient de porter plainte et souligne qu'attaquer un maire, c’est attaquer l’État et la démocratie.
Yannick Guénard a été élu maire en 2020, rapidement après sa prise de fonction, il a reçu des lettres de menaces, son véhicule a été vandalisé. Alertée, la préfecture de l'Ardèche n'entend pas en rester là et porte plainte pour soutenir l'édile.
Courriers menaçants, balles de fusils et voiture vandalisée
Le crâne rasé, la barbe poivre et sel, Yannick Guénard raconte comment il est devenu maire de ce village de 160 âmes après avoir été conseiller municipal. Peu de temps après son élection, il a reçu une lettre, puis d'autres. "Au début, ça ne me faisait pas rire, explique le maire, mais je me suis dit ça passera avec le temps. Je ne suis pas le premier, malheureusement."
Assis sous un arbre, dans la paisibilité ardéchoise, il déplore cette situation et rappelle qu'il a été élu à une large majorité. "La première année, c’était surtout des insultes et des dégradations sur le véhicule, après on a installé une caméra. Ça s’est calmé pendant huit mois."
En tout, Yannick Guénard a reçu une vingtaine de lettres d'insultes et de menaces de mort, trois balles dans la boîte aux lettres de la mairie et une cartouche, pleine. Sa voiture a également été taguée, rayée et ses roues ont même été dévissées. Il y a quelques mois les menaces ont pris une nouvelle tournure. Le ou les auteurs des courriers ont adressé des menaces visant son fils. "Ça a repris au mois de juin dernier, détaille l'édile, avec des insultes sur moi et sur mon fils" témoigne-t-il ému.
Pas de démission au programme
La teneur des missives ne porte pas sur des dossiers municipaux, ni sur des décisions ou des actes en lien avec sa fonction. "Dans ces lettres, on me reproche de ne pas être ardéchois, on me dit que je suis "un étranger". Ça a été dit à plusieurs reprises. On m'accuse d'être "un urbain", on m'invective "retourne en Savoie", on ne veut pas de toi ici.""Heureusement, ce n’est pas ce que pensent tous mes administrés. C’est l’affaire de quelques personnes," conclut-il.
Le maire avoue qu'au tout début, il a pensé à abandonner son mandat, mais culpabilisait de laisser tomber toute une liste qui avait accepté de le suivre.
Soutenu par la préfète
La représentante de l'Etat s'est rendue lundi sur place, à Berzème. Elle a assisté au conseil municipal. Une présence en guise de soutien à l'élu et de signal envoyé aux administrés malveillants. Sophie Elizéon, préfète de l'Ardèche, ne mâche pas ses mots. "Le gouvernement a présenté en juillet dernier un plan national contre les violences envers les élus pour renforcer leur protection et raffermir les condamnations qui pourraient être prononcées", évoque-t-elle.
Attaquer un maire, c’est attaquer un représentant de l’État, donc la démocratie donc la République.
Sophie Elizeon, préfète de l'ArdècheFrance 3 Rhône-Alpes
"Si pour quelque raison que ce soit, le maire n’est pas disposé à déposer plainte, la préfecture se substitue à lui", rappelle la préfète. "Le maire a la possibilité de se signaler à des référents police et gendarmerie en cas de danger afin d'avoir un accès direct au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie."
Le maire espère finir son mandat "le mieux possible" et prend acte du soutien apporté par la préfecture.