L'installation d'une dizaine d'éoliennes sur la crête de Gruas en Ardèche divise. Les promoteurs et les collectifs qui ont opposés au projet tentent, chacun à sa façon, de convaincre la population.
La crête de Serre de Gruas, au coeur du Parc des Monts d'Ardèche, est balayée par de fortes bourrasques. Mais le vent de la contestation s'est aussi levé. Une dizaines d'éoliennes pourraient être installées sur ce site. 2 collectifs d'habitants dénoncent l'impact sur le paysage et la biodiversité.
La crainte d'un espace entièrement artificialisé
Laurent Bonnier a créé le collectif Ardèche Energies pour informer la population et diffuser les informations. Pour lui, le site doit être protégé. "Le site de Gruas est un site particulier. C'est un site qui est classé par l'Unesco en géo-parc, très riche en biodiversité. Qui est en plus un espace de nature sauvage à deux pas de Privas". Laurent Bonnier met en avant le fait que le site soit visible et structurant du paysage du centre-Ardèche et qu'il présente une grande richesse naturaliste notamment avec ses chauves-souris et ses rapaces. Pour lui, l'ampleur de tels travaux pourraient ravager l'écosystème et le paysage. "Pour l'implantation des machines, il faut faire des plateformes pour que les engins puissent manœuvrer, avec des voies d'accès de plus de 5 mètres de large. Ça signifie aussi un arasement des crêtes alentours donc des modifications irrémédiables du paysage".
David Grimaud, membre de l'association "Gruas Vent Libre" va dans le même sens et partage ses arguments. "C'est un espace public dans le territoire rural qui est très important et très pratiqué".
On n'imaginerait pas mettre des panneaux solaires sur la place Bellecour parce qu'il y a un usage social, ici c'est pareil
David Grimaud - Ass. Gruas vent libre
Il regrette aussi le manque de transparence de transactions. "On a eu l'impression que la stratégie des promoteurs était d'abord de contacter les propriétaires fonciers pour signer des accords avant d'informer la population." C'est dans l'espoir d'ouvrir le débat démocratique et que des études d'impact soient réalisées qu'il a créé le collectif.
Le projet définitif sera proposé à la population
Dans toute la région, l'installation d'éoliennes suscite de plus en plus de crispations. Ce projet est porté par 2 entreprises basées à Nîmes et à Lyon. Les promoteurs font régulièrement le déplacement pour rencontrer les élus et les habitants depuis la naissance du projet en 2014. A terme, une enquête publique présentant le projet définitif consultera la population.
Augustin Pesche, chef de projet chez RES reste philosophe. "Il y a toujours des oppositions quels que soient les projets. Il y a aussi souvent beaucoup d'acceptation. L'Ardèche accueille déjà des éoliennes sur son territoire et ça n'en fait pas pour autant un territoire dépourvu d'intérêt naturel et paysager, bien au contraire". Il explique le choix du site par la qualité du gisement éolien, le fait qu'il soit loin de toute habitation avec des "enjeux biodiversité et paysagers maîtrisés". L'absence de toute contrainte aéronautique majeure de la zone permet aussi d'envisager un tel projet. Le chef de projet met aussi l'accent sur la transition énergétique. Chaque éolienne peut produire l'énergie nécessaire à 2000 habitants. L'ensemble permettrait d'alimenter en électricité le bassin de vie Privas et ses 8300 habitants.
Mais c'est le préfet qui aura le dernier mot
Ces éoliennes seraient implantées à cheval sur 3 communes... Deux se sont déjà prononcées contre le projet. Michel Constant, le maire de Flaviac, lui, attend les résultats des études environnementales autorisées en 2015 avant de se prononcer. "On est en attente des résultats définitifs mais ils tardent. On s'est donné comme objectif d'interroger la population au 1er trimestre 2022". L'avis des trois conseils municipaux sera seulement consultatif.
Quelle que soit l'issue de cette consultation, c'est le préfet de l'Ardèche qui donnera son aval ou non à l'installation des éoliennes.