Un "électrochoc" volontaire selon les défenseurs du projet... Une "tentative d'intimidation" pour les opposants. Un projet d'éoliennes dans Parc Naturel Régional du Pilat divise sévèrement deux camps. Une assignation à près d'un million d'euros a même été prononcée.
"Quand on voit ce que ça représente, au niveau de cette somme, on est dans le désarroi et la colère. On estime qu'on est dans notre bon droit", commente Philippe Barallon, l'un des 29 riverains de Saint-Sauveur en Rue (Loire) qui s'opposent, avec trois associations, au projet éolien de la SAS "Les Ailes de Taillard".
En juin dernier, tous ont reçu la visite d'un huissier : ils sont assignés par la SAS et Total-Quadran au tribunal judiciaire de Saint-Etienne, pour "recours abusif". On leur réclame 893 mille euros de dédommagement. "Nous l'avons vécu comme une tentative d'intimidation." explique Henri Delolme, président de l'association Protégeons Taillard. "C'était simplement exercer un droit légitime inscrit dans le code de l'environnement. Lorsque nous nous sommes retrouvés avec notre association et les particuliers, nous avons retrouvé notre motivation et nous sommes restés unis pour continuer notre action."
L'implantation de 10 éoliennes de 125 mètres de haut sur cette crête boisée du Parc Naturel Régional du Pilat, est en projet depuis déjà une douzaine d'années. Permis de construire, études environnementales, autorisations diverses obtenus... Seul cet appel retarde encore sa réalisation. Pour ses défenseurs un peu exaspérés, toutefois, rien de choquant dans le montant exigé. "C'est pour signifier que, quand on entrave à ce point le développement d'un projet éolien participatif, qui associe le territoire et un industriel, je pense qu'il y a des conséquences et qu'il faut le dire. Donc c'est une sorte d'électrochoc." argumente Philippe Heitz, Maire de Burdigne membre de la SAS Les ailes de Taillard, à l'origine du projet.
Un vent nouveau souffle sur l'énergie renouvelable : l'Etat veut doubler la part des éoliennes dans la production d'électricité, d'ici 2030. Sa loi d'accélération et de simplification de l'action publique, votée en octobre, ne prévoit plus qu'un seul niveau de recours pour les opposants à ces projets. La possibilité de saisir la justice devient plus étroite. Ses conséquences, comme on le voit ici, pourraient s'avérer... plus coûteuses.