Le mouvement social initié lundi 8 janvier par la CGT et Force Ouvrière s'est durci ce lundi 15 avec le ralliement de deux autres syndicats dans le cadre d'un préavis national. Les salariés de la centrale nucléaire réclament une augmentation générale qui couvre l'inflation.
À la centrale EDF de Cruas-Meysse, en Ardèche, les Négociations Annuelles Obligatoires ont démarré il y a plusieurs mois et auraient dû se conclure fin 2023, mais elles ont été reportées à ce début d'année. Les discussions achoppent sur le niveau de la hausse de rémunération accordée aux 1200 salariés du site.
L'augmentation générale prévue au sein de la branche est de 2 %, à laquelle la direction propose d'ajouter une hausse de 1,5 % de la masse salariale. S'appuyant sur les bénéfices records réalisés par EDF au premier semestre 2023 - plus de 5 milliards d'euros -, les représentants du personnel estiment avoir droit à une plus grosse part du gâteau. Ils exigent également des hausses qui compensent l'inflation.
Selon la CGT, il y avait 27 % de grévistes, lundi 8 janvier. Depuis, les salariés cessent tour à tour le travail pour retarder la maintenance et donc le redémarrage du réacteur numéro 2, prévu cet hiver pour faire face aux pics de consommation d'électricité. Pour ce lundi, c'est un préavis de grève national intersyndical (CGT, FO, CFE-CGC et CFDT) qui a été déposé. La mobilisation sur le site ardéchois n'est pourtant pas impressionnante - une quinzaine de grévistes -, mais l'essentiel n'est pas là.
Un mouvement stratégique
Pour David Hallier, secrétaire général adjoint CGT à la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, cela répond à une stratégie : "Un petit nombre de grévistes suffit à empêcher le redémarrage de la tranche. De manière opportuniste, on utilise ces périodes qui nous permettent de nous servir de notre outil de travail pour peser sur les négociations". Baptiste Larue, opérateur de tranche explique : "C'est nous, les opérateurs, qui débrayons, avec l'appui des autres services du site. Un réacteur sur quatre à l'arrêt, ça représente 25 % de la production en moins sur la centrale, une perte importante pour EDF".
L'intersyndicale revendique une hausse de 6,6 % des salaires face aux 3,5 % proposés par la direction. "Ce sont les travailleurs qui créent la richesse", reprend l'élu CGT. "On fait le job, on a un énorme programme industriel à tenir et la filière doit devenir plus attractive, donc il n'y a pas de raison d'en rester là".
La direction de la centrale n'a pas souhaité commenter le mouvement social.