En dix jours, ce sont quatre chiens de chasse, appartenant à trois chasseurs différents, qui ont été empoisonnés avec un raticide. Les faits sont survenus à Saint-Agrève, en Ardèche. L'un des chasseurs, qui a également reçu un courrier de menaces, a porté plainte auprès de la gendarmerie.
Pascal Faure, 61 ans, est passionné de chasse. Il possède une vingtaine de chiens de type Gascon. Des membres à part entière de sa famille. Des canidés utilisés pour la chasse aux sangliers. Mais deux d'entre eux ont été empoisonnés il y a dix jours. Ils manquent à l'appel dans le chenil. "On sait qu'à tout moment, les chiens peuvent être blessés par les sangliers. Ils peuvent même se faire tuer. C'est la chasse, c'est le risque. Il n'y a pas de risque zéro. Mais là, on est complètement impuissant, c'est du poison ! C'est ce qui est le plus dur".
Mort aux rats
Pascal Faure a gardé ses deux chiens empoisonnés chez lui, le temps des soins. Sa chienne Neige va un peu mieux : "On a été plus réactif, l'antipoison a fait son effet, mais elle a des hauts et des bas", explique-t-il. Par contre, Métis est toujours affalé dans son panier. Il pourrait ne pas survivre malgré les soins vétérinaires. Son maître est pessimiste.
"Il ne se lève presque plus. Il y a très peu de chances qu'il s'en sorte. On a toujours espoir, on fait les traitements, mais voilà plus d'une semaine qu'il ne mange plus, il est très affaibli", déplore son propriétaire. Selon les examens vétérinaires, c'est un raticide qui est à l'origine de ces empoisonnements. Le produit toxique qui a été déposé dans le chenil, "le raticide a été jeté dans leur box". Le chasseur est formel.
Pascal Faure est dépité : "On est tous les jours avec eux, pour les entretenir, les nettoyer. On les sort presque tous les jours, même quand il n'y a pas la chasse. On est très proches de nos chiens. Ils font partie de notre vie. C'est une passion".
Au total, ce sont quatre chiens appartenant à trois chasseurs différents qui ont été empoisonnés depuis le début du mois d'octobre à Saint-Agrève.
"On remet le poison en place"
Qui en veut à ses chiens ? Pascal Faure n'a aucune réponse à cette question, mais il a reçu un courrier anonyme voilà trois semaines. Une lettre signée "la milice anti-chasse, anti-cons". Elle contient des propos violents et des menaces non dissimulées.
Cette lettre de menaces fait directement référence à une affaire survenue dans un hameau de la commune de Chanéac, en décembre dernier. Sept chiens de chasse avaient été tués en marge d'une battue au sanglier par un membre de la communauté Longo Maï. Les chiens abattus appartenaient à des chasseurs d'Arcens. "Comme à Treynas, on ripostera. Là-bas, ils ont tiré sur les chiens pour défendre leurs bêtes. En attendant, on remet le poison en place," indique la lettre anonyme.
Pascal Faure avait déjà reçu une première missive du même acabit à l'automne 2023, "en tant que président" de l'ACCA de Saint-Agrève, Association Communale de Chasse Agréée. Un courrier particulièrement véhément. À l'époque, un chien avait été victime d'un empoisonnement.
Pour le chasseur, dans les deux cas, l'incompréhension est totale.
On a le droit de ne pas aimer les chasseurs. Mais comment, étant protecteur des animaux, peut-on venir empoisonner des chiens ?
Pascal FaureChasseur, Président de l'ACCA de Saint-Agrève
Dans le village de Saint-Agrève, les chiens empoisonnés sont au cœur des discussions. "On se demande qui peut faire ça. Mais ce sont surtout les lettres qui sont inquiétantes", explique un habitant. "C'est horrible, on n'empoisonne pas les chiens, même si on n'est pas d'accord avec la chasse", déclare une autre habitante.
Pascal Faure a porté plainte auprès de la gendarmerie. Il a aussi renforcé la sécurité de ses chenils en installant des caméras de surveillance.