Lucky, un border collie ardéchois de 9 ans, est champion de France des chiens de berger

Lucky est un border collie de 9 ans mais pas n'importe lequel, il est champion de France des chiens de bergers. À la ferme des Chaupous en Ardèche, il veille sur un troupeau de brebis laitière. Pour Nicolas et Carole, Lucky est indispensable, chaque jour.

Il a ce pelage noir et blanc si typique des border collies mais avant tout il a cette aptitude à garder un troupeau rassemblé qui lui a valu le titre de meilleur chien de berger de France.

Pas de cri, ni de grands gestes, juste quelques coups de sifflet suffisent à lui indiquer la manœuvre que son maître attend de lui.

La reconnaissance d'un long travail

Un titre de champion de France des chiens de berger, cela pour être un simple certificat, une victoire comme une autre, mais pour Carole et Nicolas Fournier, bergers à Lamastre c'est la reconnaissance d'un long travail.

"Nous sommes agriculteurs, explique Carole, avec mon mari on travaille à deux sur la ferme depuis 13 ans. Ce qui nous fait vivre c'est un troupeau de brebis laitières et on a développé l'élevage et le dressage de border collies."

L'élevage comme une évidence

"C'est une race de gardien de troupeau parmi d'autres, détaille l'éleveuse, on a été bergers pendant 8 ans avant d'avoir Lucky. Et puis, ça a été le début de l'aventure, car ce fut une vraie rencontre avec le border collie. Cela a été une évidence de se lancer dans l'élevage mais uniquement pour en faire du chien de troupeau."

Une initiative heureuse puisque le couple de bergers, au-delà d'avoir une aide incomparable dans leur activité pastorale, apporte son expertise à d'autres bergers en dressant les chiens.

"C'est un chien sélectionné depuis des générations pour son aptitude à rassembler le troupeau. À la base, tous les chiens sont des loups et puis l'homme a essayé d'identifier des caractères. Il y avait des chiens de chasse pour débusquer le gibier et le border collie a développé sa capacité à rassembler les bêtes et à rendre service à son maître plutôt que de mordre une bête à l'écart pour la manger."

Le canidé a compris qu'en échange de cette collaboration, il aurait de la nourriture et des soins. 

"Au fil des siècles, ils ont développé une intelligence plus aiguë que d'autres races canines. À présent, ils sont dans l'attente que leur maître les commande. Ils ont un point d'interrogation sur le front à demander "qu'est que je peux faire? Comment je peux t’aider ?" souligne-t-elle dans un sourire.

Et le gagnant est...Lucky !

Agriculteur ou pas, le championnat qu'a remporté Lucky est ouvert à tous et à toutes les races de chien. Il y a une sélection préalable, les chiens participent à 5 concours nationaux, les 3 meilleurs résultats sont retenus. Le jury du championnat garde les 18 meilleurs concurrents. Sur l'étape finale, il y a une trentaine de points à effectuer sur un parcours de 35 minutes avec 18 concurrents puis un parcours de 45 minutes avec les 10 meilleurs.

Chaque concurrent part avec 150 points et au fur et à mesure, des points lui sont enlevés en fonction du chrono à tenir. Les obstacles imposés ressemblent à ce que l'on va demander au quotidien sur une ferme : Séparer un troupeau en deux, faire monter une partie dans une bétaillère, emmener le reste du troupeau dans un parc ou encore les recherches à distance.

Pour Nicolas, ce titre, c'est le résultat d'un long travail commencé il y a 20 ans, avec un premier border qui avait peur des brebis.

Élever un chien, c'est 10 ans de bonheur car on a à la fois un collègue de travail et un compagnon au quotidien.

Nicolas Fournier, éleveur de border collies

Le berger a une vraie douceur, un vrai lien avec son chien. "Il l'encourage, s'il y a un problème, Nicolas ne va jamais s'en prendre au chien, assure son épouse, il estime que c'est de sa faute, qu'il ne s'est pas fait comprendre, ce n'est jamais de la faute du chien."

"Ce titre, c'est aussi une fierté en tant qu'éleveur agriculteur, parce que participer aux concours, c'est compliqué. À la ferme, on a deux traites par jour etc... mais on est ravi de montrer cette facette de l'agriculture. De plus en plus de bêtes sont enfermées dans les bâtiments, on voit de moins en moins d'éleveurs sur la route, de bergers qui transhument avec leur chien. C'est l'occasion de montrer que ça existe toujours et que c'est d'une grande utilité. Ce n'est pas du passé, c'est vraiment l'avenir."