"La montagne" est un des plus grands succès de Jean Ferrat. La chanson a été écrite dans un petit village de l'Ardèche dans lequel l'auteur s'était installé, faisant ainsi le choix de quitter la ville pour la campagne quand d'autres faisaient le chemin inverse.
C'est un coup de foudre que Jean Ferrat a eu pour l'Ardèche et plus particulièrement pour le village d'Antraigues-sur-Volane. Au printemps 1964, l'artiste est en tournée dans le sud de la France quand il est invité par le maire de la commune à découvrir ce petit havre de paix, niché au coeur des Cévennes. L'émotion suscitée par cette rencontre est telle qu'en peu de temps il se retrouve propriétaire d'une maison, "séduit par le bruit du torrent qui coulait au fond du terrain", dira-t-il plus tard.
A Antraigues, Jean Ferrat trouve le cadre idéal pour garder les pieds sur terre alors que sa notoriété atteint des sommets. La nature, la simplicité de la vie, l'authenticité des habitants sont autant d'éléments qui lui permettent de vivre en phase avec ses principes. Mais l'auteur reste engagé et, voyant l'exode rural menacer les campagnes, il prend sa plume pour composer "La montagne".
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Dans cette chanson, qui s'est vendue à 5 millions d'exemplaires en un an, Jean Ferrat célèbre la vie rustique et montre du doigt celles et ceux qui se laisse séduire par le mirage urbain. Il écrit : "Ils quittent un à un le pays pour s'en aller gagner leur vie loin de la terre où ils sont nés, depuis longtemps ils en rêvaient de la ville et de ses secrets, du formica et du ciné".
L'histoire dit que Jean Ferrat a écrit cette chanson en quelques minutes, à Antraigues. Plus tard, il ne niera pas et précisera : "En deux ou trois heures, j'en avais fait l'essentiel. Après j'ai fignolé" porté par "un contact vrai avec la réalité d’un pays".
Dans cette montagne ardéchoise, Jean Ferrat s'y installe définitivement en 1973. Il deviendra même, quelques années plus tard, conseiller municipal et adjoint au marie d'Antraigues-sur-Volane.
Le 13 mars 2010, alors âgé de 79 ans, Jean Ferrat est emporté par un cancer. Il rend son dernier souffle à Aubenas, à une quinzaine de kilomètres de ce village qui l'avait adopté et où il repose depuis.
Les paroles
Ils quittent un à un le paysPour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux, ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
refrain:
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours, les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus savoir qu'en faire
S'il ne vous tournait pas la tête
refrain
Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones
refrain