Une première mondiale dans des conditions dantesques. Tempête et froid extrême, quatre jour après leur exploit, les 10 alpinistes népalais qui ont gravi le K2 au Pakistan, reviennent sur les conditions extrêmes pendant l'ascension de la 2e plus haute montagne de la planète.
Les dix alpinistes népalais qui ont réussi samedi 16 janvier la première ascension hivernale du K2 ont décrit mercredi les conditions dantesques, avec des vents déchaînés et un froid extrême, dans lesquelles ils ont accompli cet exploit.
Le K2, deuxième plus haute montagne de la planète (8.611 m), situé dans le massif du Karakoram au Pakistan, était le seul des quatorze sommets de plus de 8.000 m à n'avoir jamais été escaladé. Surnommé la "montagne sauvage", le K2 est soumis en hiver à des vents très violents pouvant atteindre les 200 km/h. Les températures peuvent descendre jusqu'à -60°C sur les parties sommitales.
"Nous sommes venus ici cet hiver avec l'espoir d'y arriver", a déclaré Nirmal Purja, l'un des deux leaders de l'équipe et ancien soldat des forces spéciales britanniques, lors d'une réception en leur honneur. "Les conditions météorologiques étaient vraiment, vraiment terribles. La température a atteint jusqu'à -65 degrés celsius, il y avait des vents de la force d'un ouragan, mais dix grimpeurs népalais ont réussi à le faire", a-t-il ajouté.
L'équipe népalaise a été transportée mercredi en hélicoptère par l'armée pakistanaise depuis le camp de base du K2 jusqu'à la vallée de Shigar, près de la ville de Skardu, porte d'entrée du Karakoram. Portant un chapeau de laine traditionnel pakistanais décoré d'une plume et des guirlandes autour du cou, les alpinistes ont été reçus en héros par la communauté locale.
Longtemps cantonnés au service des alpinistes étrangers
Connus depuis des décennies pour leur aptitude à la haute montagne, les Népalais n'avaient encore jamais placé le moindre grimpeur sur une première ascension hivernale d'un "8.000". Leur succès a été chaleureusement applaudi au Népal et perçu ailleurs comme une juste reconnaissance du talent des sherpas, pendant trop longtemps restés cantonnés au service des alpinistes étrangers. Jean-Michel Asselin, alpiniste et journaliste grenoblois a salué leur performance : "il n'y a rien d’étonnant à ce que se soient des népalais qui réussissent. Ils sont très forts depuis toujours".
Une poignée d'expéditions avaient tenté l'ascension hivernale du K2, depuis la première en 1987-1988. Mais cette année, pas moins de quatre équipes différentes et une soixantaine de grimpeurs s'y essayaient. Membres de trois des quatre équipes initiales, les Népalais se sont regroupés et ont su faire preuve d'audace en profitant d'une fenêtre de beau temps, sans vent, pour atteindre ensemble le sommet. "Ca n'a en rien été un effort individuel, (mais) dix frères unis comme une famille (...) et chacun a joué un rôle très, très important", a repris Nirmal Purja, qui avait gravi en 2019 les quatorze "8.000", avec oxygène, en six mois et six jours.
"Le message est que quand on est uni, tout devient possible, et c'est pourquoi nous tous, les dix, nous avons travaillé ensemble pour rendre le K2 possible", a-t-il ajouté. Leur succès a toutefois été terni par la mort le même jour sur le K2 de l'Espagnol Sergi Mingote, victime d'une chute en redescendant d'un camp intermédiaire vers le camp de base.