Au lendemain des attentats de Bruxelles, qui ont fait, selon un bilan encore provisoire, 31 morts et 270 blessés, Jules Cordillot raconte "la peur au ventre qui l'a saisi", mais dit aussi "sa volonté de rester en Belgique, parce qu'il ne faut pas s'arrêter là".
Interview par webcam. Le ton est calme, posé, mais on ressent en arrière-plan, l'émotion du jeune homme quand il revient sur ces événements du mardi 22 mars. Jules Cordillot, étudiant de Sciences Po Grenoble vit à Bruxelles. Il est en stage en entreprise chez Schneider Electric. Ce jour-là, à ce moment-là, peu après 9 heures du matin, il se trouve à quelque 200 mètres de la rue de la Loi, à deux pas de la station de métro Maelbeek où s'est produit le premier attentat.Jules a entendu la déflagration, il s'est, avec les autres passants, "réfugié à l'abri des premiers bâtiments" qu'il a trouvés, jusqu'à ce qu'ils soient tous sûrs que les rumeurs d'autres explosions, dans d'autres stations de métro, soient démenties. "On s'est tous regardés, la peur au ventre, le regard vide."
Interview de Jules Cordillot, par Fabrice Cagnin
On ne s'y attend jamais vraiment, et pourtant... on a tout de suite compris"
Quand Jules est arrivé à Bruxelles en janvier dernier, trois mois à peine après les attentats de Paris, il a ressenti "une tension palpable, comme en France, il y avait pas mal de militaires dans les rues (...) A vrai dire, on ne s'y attend jamais vraiment, mais quand on a entendu les détonations, on s'est tous regardés et on avait tous compris qu'il s'agissait d'une action terroriste".
A Bruxelles, mes amis sont de toutes les nationalités"
L'Institut des Sciences Politiques de Grenoble a aussitôt contacté tous ses élèves, pour prendre de leurs nouvelles. Aucune consigne de retour n'a été donnée. Pas question en tout cas pour Jules de rentrer. Il va simplement revenir à Grenoble quelques jours, se ressourcer un peu. Et il insiste: "Ce n'est pas seulement Bruxelles qui a été touchée, mais c'est toute l'Europe. Bruxelles est cosmopolite. Mes amis étudiants sont de toutes les nationalités. (...) Je suis allé me recueillir, place de la Bourse ce matin avec une de mes amies qui était dans la station Maelbeek mardi. Elle a eu les cheveux presque brûlés, mais heureusement elle va bien. On a forcément peur, mais déjà hier soir la vie reprenait. Les gens sortaient, allaient boire des bières dans les cafés. Il ne faut pas s'arrêter de vivre, on va tout faire pour que la vie continue".