Au Festival Jazz à Vienne, la direction et les intermittents optent pour la pédagogie

Alors que la lutte des intermittents contre leur nouvelle convention chômage paraît se durcir, le célèbre festival isérois Jazz à Vienne, qui a ouvert ses portes hier soir, a décidé de jouer la carte de la pédagogie afin de sensibiliser le public au mouvement.

Jusqu'au 12 juillet, plus de 1.000 musiciens internationaux dont des célébrités tels Robert Plant, Quincy Jones, Stevie Wonder, Bobby Mc Ferrin ou encore Lucky Peterson, ont rendez-vous à cette grand messe du jazz, allant du blues à la bossa nova en passant par le gospel et la soul.

Les quelque 200 concerts gratuits et payants proposés pour cette 34ème édition sur le magnifique site gallo-romain, situé à une trentaine de kilomètres au sud de Lyon, n'apparaissent, pour l'instant pas menacés par une grève.

Direction et intermittents du festival ont en effet souhaité privilégier l'information des spectateurs.

"Depuis dix ans la situation est pourrie. C'est la gangrène", a déclaré vendredi devant la presse Stéphane Kochoyan, le directeur de Jazz à Vienne, pour qui "les propositions des intermittents ne sont pas entendues".

"Les directions des festivals et les salariés n'ont jamais été autour de la table pour signer des accords qu'on a reçu d'en haut et sur la tête", a déploré le responsable en annonçant la mise en place d'actions "durant tout le festival" pour informer le public.

Très symbolique, la première d'entre-elles a été de donner, durant quelques minutes vendredi soir, la parole à une quinzaine d'intermittents sur la scène du théatre antique, avant le début du spectacle de Sambasax, un orchestre brésilien de samba composé de saxophones et de percussions.

Sur la scène une énorme banderole proclamait: "Refusons l'austérité du gouvernement PS Medef". Les 7.5OO spectateurs de l'amphithéâtre les ont chaleureusement applaudis.

Ils ont pu également regarder sur les deux écrans géants de la scène de petits clips vidéos exposant les raisons du mouvement, tandis qu'un large panneau d'information à l'entrée du théâtre appelait à signer une pétition.

Un soutien moral 


  "On ne peut qu'apporter notre soutien moral. C'est important que tout le monde se mobilise pour arriver enfin à faire décrocher ce texte de loi" (ndlr: la nouvelle convention assurance-chômage), estime Pierre Lapelerie, 62 ans.

"J'ai cru comprendre que ce qui existait jusqu'à maintenant permettait une offre culturelle riche et particulière en France", déclare pour sa part Frédérique Pontal, 52 ans, soulignant la nécessité de "préserver le droit de grève" un moyen qui n'est pas "forcément bien compris" mais qui est "celui de se faire entendre".

Dans les différents lieux et rues accueillant les concerts, des calicots donnent également le ton: "Culture en danger", "Les intermittents en lutte ou encore "Tous précaires". Une trentaine de personnes, habillés de vêtements noirs barrés d'une croix blanche, distribuent des tracts expliquant les raisons du mouvement.

"Globalement, nos employeurs ont compris avec le temps en quoi cette réforme les avait eux aussi touchés avec une grande précarisation du spectacle. Ils sont impactés d'autant plus qu'il y a une hausse des cotisations (...) vu que leur budget n'augmente pas vraiment", a déclaré à l'AFP Laurence, porte-parole des intermittents et des précaires du Rhône.
 
Si Vienne a fait le choix de la pédagogie, d'autres festivals comme ceux d'Aix et d'Avignon, qui ouvrent ces prochains jours, risquent d'être fortement perturbés par le conflit des intermittents même si le spectre d'une annulation complète semble s'éloigner, le mouvement étant très divisé.

Le festival Jazz à Vienne avait accueilli 175.000 spectateurs en 2013 dont 90.000 au théâtre Antique.
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