Première région française pour sa production électrique bas carbone, la région Auvergne-Rhône-Alpes produit plus du quart des besoins en électricité de la France. Trois paires de réacteurs EPR sont en projet pour faire face aux besoins de consommation dans les années à venir. La construction est envisagée à Bugey (Ain) ou à Tricastin (Drôme) pour une mise en service à l'horizon 2037.
Emmanuel Macron a annoncé son intention de construire 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR d’ici 2050. Et ce pourrait être dans notre région. La filière est aussi génératrice d’emplois. Auvergne-Rhône-Alpes est la région la plus nucléarisée de France et la plus productrice d’électricité. (22,4%).
Etat des lieux de la filière nucléaire en AURA
On compte 4 centrales nucléaires dans notre région, essentiellement situées à proximité du Rhône (le fleuve) qui totalisent 14 réacteurs :
- 4 sur le site du Tricastin dans la Drôme
- 4 à Cruas Meysse en Ardèche
- 2 à Saint-Alban sur Rhône en Isère
- 4 sur la centrale du Bugey dans l'Ain
La production régionale d'électricité est de 112,5TWh. La région produit 2 fois plus d'électricité que ce qu'elle consomme. Ce secteur englobe 645 entreprises et 42 600 emplois directs et indirects.
Le programme pour de nouveaux EPR se précise
Le programme pour la construction de six réacteurs nucléaires de nouvelle génération a été annoncé par Emmanuel Macron en février 2022.
Tous les réacteurs nucléaires actuellement en fonction en France sont des réacteurs à eau pressurisée (REP). L'eau sous pression sert notamment à refroidir le coeur du réacteur. Ce dont aujourd'hui des réacteurs dits "de deuxième génération".
L'EPR est lui considéré par les autorités nucléaires françaises comme de 3ème génération. Il s'agit de la même technologie, mais plus performante. Alors que nos réacteurs actuels ont une puissance d'environ 900 Mégawatts, les EPR développent une puissance de 1660 Mégawatts. Selon son constructeur, l'EPR a un meilleur rendement car il est capable d'utiliser 100% du combustible tout en garantissant une meilleure sécurisation de la production nucléaire en raison de son épaisse enveloppe de confinement en béton.
Selon le plan présenté par le président de la République, Emmanuel Macron, trois paires d'EPR sont en projet. Une paire sur le site de Penly en Seine-Maritime, une paire sur celui de Gravelines dans le Nord et une dernière paire dans notre région.
Pour l'instant, le choix du site n'est pas encore acté? Ce devrait être soit Tricastin (Drôme), soit Bugey (Ain). La première mise en fonction de ces nouveaux réacteurs devrait se faire à l'horizon 2037, pour un coût estimé aujourd'hui à 46 milliards d'euros.
Le rapport d'audit publié par le gouvernement aborde aussi la question des déchets générés par ce projet. "Ils sont similaires à ceux déjà produits par le fonctionnement du parc actuel".
Vivre à côté d'une centrale
Vivre à proximité d'une centrale est une réalité pour certains habitants. C’est le cas à Sant-Paul-Trois Châteaux dans la Drôme, qui se trouve à proximité du Tricastin. Jean-Michel Catelinois, le maire (LREM) de cette commune était l'invité de notre émission "On décode" le 28 février 2022. "On a des exercices grandeur nature, des confinements d'école".
Le conflit en Ukraine et les craintes de fuites radioactives
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les autorités de sûreté nucléaire européennes s'inquiètent de la "fragilisation" des centrales ukrainiennes.
A la centrale de Zaporojie, bombardée le 4 mars par les Russes qui l'occupent depuis, "deux lignes" électriques sur quatre "sont toujours fonctionnelles", mais la communication "entre la centrale et l'extérieur est devenue difficile" explique le directeur français de l'ASN (l'autorité de sûreté nucléaire).
Pour celle de Tchernobyl, "nous avons conclu qu'il n'y aurait pas de risques significatifs de rejets dans l'environnement" en cas de perte d'alimentation électrique sur une durée longue, a-t-il ajouté. Mais, "à Tchernobyl, il n'y a plus ni téléphone fixe, ni téléphone mobile et l'Autorité de Sureté ukrainienne n'a pas reçu d'email depuis le 12 mars" a déploré le responsable.
A Kharkiv, il a été prévenu de "dommages sur un centre de recherche qui héberge un réacteur piloté par une source de neutrons : "Il y a eu des dégâts sur certains bâtiments, mais à notre connaissance, les matières nucléaires n'ont pas été touchées".
Selon lui, "en cas d'accident très grave" dans une des centrales ukrainiennes mais sans dommage sur le bâtiment réacteur, il pourrait "être nécessaire d'évacuer la population dans un rayon de 5 kilomètres et de mettre à l'abri celle résidant dans un rayon de 20 kilomètres". En revanche, si une enceinte de confinement de réacteur devait être touchée, "on devrait élargir les zones à respectivement "20 kilomètres et 100 kilomètres", selon lui.
M. Gupta se veut rassurant à l'égard de certains Français inquiets qui cherchent à se procurer des pastilles d'iode par crainte d'une fuite radioactive venant de l'Ukraine en guerre. "Si un accident sévère se produisait en Ukraine, les seuils nécessitant une prise d'iode ne seraient pas atteints en France compte tenu de la distance" dit-il en n'excluant pas toutefois des "restrictions de consommation de denrées alimentaires au-delà de l'Ukraine" dans ce cas. "On ne peut pas dire que les réacteurs ukrainiens sont significativement moins sûrs que les occidentaux" ajoute-il.
Pourquoi prendre des pastilles d'iode ?
En cas d'incident nucléaire, la prise de comprimés d'iode stable protège la thyroïde de l'iode radioactif qui pourrait être rejeté dans l'environnement. Ils doivent être administrés en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités.
Pastilles d'iode, pour qui ?
Ces campagnes organisées par les pouvoirs publics (services de l'Etat et EDF, exploitant des centrales nucléaires) concernent les personnes qui résident ou travaillent dans le périmètre des Plans Particuliers d'Intervention (PPI) des différentes centrales nucléaires, dans un rayon de 20 km autour des installations.
Dans notre région, il s'agit de celles du Bugey (Ain), Saint-Alban (Isère), Tricastin (Drôme) et Cruas-Meysse (Ardèche).
Quand prendre les pastilles d'iode ?
Prendre une pastille d'iode en prévention est inutile. Que ce soit pendant la mise à l'abri ou l'évacuation, la prise d'iode doit être réalisée sur ordre du préfet du département. Pour une efficacité maximale, il faut pouvoir prendre ces comprimés deux heures avant le rejet d'iode radioactif. L'efficacité de l'iode est de 24h.
La Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), estime que les comprimés d'iode stable assurent une protection indispensable en cas d’accident nucléaire mais pas une solution miracle. Dans un communiqué du 07/03/22, elle tient à faire une mise au point.