Faut-il désinfecter les rues pour combattre le Covid-19 ? Sans certitudes sur l'efficacité de la mesure, peut-être aussi nocive pour l'environnement et les personnes, les communes avancent en ordre dispersé.
"La désinfection de l'espace public est-elle efficace d'un point de vue sanitaire ?", se demande l'association "France Urbaine" qui regroupe les grandes villes et les métropoles. Dans un communiqué paru le 30 mars, l'organisation monte au créneau en demandant une "position nationale" sur un procédé "de bon sens" pour certains, dangereux pour d'autres.
Depuis quelques jours pourtant, de nombreuses communes ont commencé à imiter la Chine ou la Corée du sud en aspergeant rues et espaces publics.
"Cela ne peut pas faire de mal et il y a une vertu pédagogique", assure Michel Chapuis, maire UDI, du Puy-en-Velay, en insistant sur le "principe de précaution".
Mais d'autres édiles s'interrogent sur l'efficacité de la mesure et son impact sur l'environnement.
Pour le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, c'est non et la ville "se conformera aux préconisations de la DGS". La Direction générale de la Santé aurait décrété dans un avis du 25 mars: "L'aspersion de Javel ou autre désinfectant est inutile tout en étant dangereuse pour l'environnement".
A la métropole de Lyon, on voudrait "une consigne nationale s'appuyant sur une base scientifique étayée", dit un porte-parole, pointant des produits "qui au mieux se retrouvent dans les stations d'épuration, au pire, dans les fleuves".
L'initiative "à ce jour nous paraît démesurée et inutile d'autant que les rues, avec le confinement, sont quasi-vides", dit-il.
A Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme), chaque soir, deux élus de cette commune de 3.300 habitants pulvérisent un produit à base d'eau de Javel, habituellement utilisé pour la désinfection des poubelles. "On ne sait pas si c'est efficace contre le coronavirus, mais dans le doute, c'est rassurant", dit l'adjointe aux finances Gaëlle Mahoudeaux.