C'est le nouveau credo du Beaujolais : la "beaujonomie", un mélange entre gastronomie et Beaujolais. Un positionnement marketing qui fait ses premières armes au Salon international de l'agriculture. Objectif : une nouvelle image, moderne et "chic" du vignoble, et une clientèle rajeunie.
Revaloriser l'image du vignoble
Ils sont désormais la cible assumée de l'interprofession des vins du Beaujolais. Et c'est pour ce public, vierge de tout a priori négatif vis-à-vis du vignoble nord-rhodanien, que le "concept" de beaujonomie a été développé.Née de la fusion de la gastronomie et du Beaujolais, l'idée est d'associer des plats traditionnels, français ou non, et de les revisiter pour les associer à des vins "de caractère".
A la conquête des bars à vins ...
L'idée est de sortir de la sempiternelle image du "beaujolais, vin de fête" et de conquérir les bars à vins et lieux de convivialité chics, voire les restaurants très hauts-de-gamme. Pour cela, les professionnels vont désormais distinguer parmi la production entre les vins de fête, les vins de caractère et les vins d'exception.L'ambition est forte, au moins aussi forte que la crise qu'a pu connaître le vignoble au tournant des années 90-2000. Ainsi, d'ici 10 ans, les Beaujolais de caractère (les deux tiers de la production) devront ... prendre le leadership mondial dans la restauration tendance. Rien que ça.
... et des restaurants étoilés
Pour servir cet objectif, des efforts qualitatifs collossaux ont été entrepris, tant dans les vignes que dans les chais, sans que les vins ne connaissent d'inflation spectaculaire.Pour "gentrifier" l'image, les outils sont se sont multipliés depuis les dernières années : création en 2011 du Concours international du Gamay, le cépage des vins rouges du Beaujolais, Concours de grands vins du Beaujolais.
Vers des "climats" en Beaujolais ?
Quant à l'avenir, le développement des vins d'exceptions est "programmé". Ils pourraient connaître une petite révolution avec l'apparition de dénomination géographiques complémentaires. Des études poussées sur les terroirs ont été effectuées.
L'idée est de se rapprocher des climats bourguignons, des parcelles soigneusement délimitées et nommées, avec des caractéristiques géologiques et climatiques particulières. Des vins synonymes de typicité, de grande qualité et donc de valeur.
Les vins du XXI ème siècle
Et nos jeunes trentenaires parisiens dans tout ça ? Si Thierry, son verre de Brouilly à la main, parle du mot "beaujonomie" comme d'un "concept marketing fumeux", il admet volontiers boire régulièrement entre amis -des "connaisseurs"- du Beaujolais avec "grand plaisir", à la maison ou dehors.Et l'essentiel est bien là pour la profession : changer de siècle, oublier le XXème, et associer les vins de Beaujolais à la fête certes, mais aussi à la gastronomie moderne, décomplexée. Le vignoble s'est donné 10 ans pour réussir.