En Auvergne, entre 2010 et 2013, environ 3 nouveau-nés sur 10 000 étaient touchés par un grave syndrome d'alcoolisation fœtale. C'est cinq fois plus que la moyenne nationale, selon une étude de l'agence nationale de santé publique parue le 4 septembre 2018.
En France, plus de 3.000 bébés nés entre 2006 et 2013, soit une naissance par jour, ont présenté au moins une conséquence liée à la consommation d'alcool par leur mère quand elle était enceinte, selon des chiffres officiels présentés mardi 4 septembre.
Sur ce total de 3.207 nouveau-nés, 452 (soit une naissance par semaine) étaient atteints par un syndrome d'alcoolisation foetale (SAF), forme la plus grave des troubles que peut entraîner la consommation d'alcool pendant la grossesse, selon l'agence sanitaire Santé publique France. Le SAF peut causer "des anomalies physiques (retard de croissance, malformations) et neurodéveloppementales (retard mental, déficit de l'attention, problèmes de mémoire, difficultés d'apprentissage) qui relèvent du handicap", souligne Santé publique France dans une étude.
Entre 2010 et 2013, l'Auvergne était la seconde région la plus touchée par ce fléau, derrière La Réunion. Environ 0,029% des naissances entraînait le diagnostic d'un SAF dans le mois suivant. C'est une augmentation fulgurante par rapport à la période précédente, de 2006 à 2009, puisque ce chiffre n'était que de 0,009%.
"Ces chiffres sont très sous-estimés compte tenu de la difficulté à diagnostiquer ces troubles en période néonatale et n'incluent pas les diagnostics posés ultérieurement", prévient l'agence sanitaire. Il s'agit de la première estimation nationale des troubles causés par l'alcoolisation foetale chez les nouveau-nés, selon l'agence sanitaire. Elle lancera une campagne de sensibilisation dont le slogan est "Par précaution, zéro alcool pendant la grossesse" le 9 septembre à l'occasion de la journée mondiale du SAF.
"Le SAF est la première cause de handicap mental non génétique à la naissance et d'inadaptation sociale de l'enfant et il est entièrement évitable", insiste l'étude. La lutte contre la consommation d'alcool par les femmes enceintes est l'un des chevaux de bataille de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui veut promouvoir le slogan "Zéro alcool pendant la grossesse".
Dévoilé fin mars, le plan santé du gouvernement prévoit d'augmenter "significativement" la taille du pictogramme "interdit aux femmes enceintes" présent sur les bouteilles d'alcool (vin compris) depuis 2007. Cette mesure doit être prise "en concertation avec l'ensemble des acteurs" pour une mise en œuvre espérée en 2019. Mi-juillet, de grands domaines viticoles avaient estimé que le logo sur les dangers de l'alcool pour les femmes enceintes était une image "mortifère" qui fait du vin un "produit délictueux", des termes contestés par la ministre.