Bernard Ripert veut faire du procès de la rixe d'Echirolles "l'Outreau de la justice grenobloise"

Avocat historique d'Action directe, Bernard Ripert veut faire du procès de la rixe d'Echirolles, qui s'ouvre ce lundi 2 novembre, "l'Outreau de la justice grenobloise". Peut-être un des derniers faits d'armes de ce franc-tireur de 65 ans menacé de radiation.

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Quinze jours avant l'ouverture, il a échappé de justesse à une procédure de suspension, initiée par le bâtonnier à la demande du procureur général. "Injures", "comportements déplacés", "atteinte à la dignité de la profession" figuraient parmi les griefs. La manoeuvre, -qui a échoué-, visait à éviter que le tonitruant avocat à la barbe blanche, grand connaisseur de la procédure pénale et adepte des incidents d'audience, ne vienne perturber le procès de la rixe mortelle d'Echirolles, qui s'annonce très médiatique.

Car Me Ripert est coutumier des coups d'éclat dans les prétoires. Condamné à trois reprises à des sanctions disciplinaires, il avait été suspendu un an en 2013 pour avoir qualifié une avocate de "roquet" et dit d'un président de cour d'assises qu'il avait "triché" et "menti".

Très remonté pour le procès à venir, il a déjà promis d'en faire "le Outreau de la justice grenobloise". "Je ne laisserai strictement rien passer", prévient-il. "C'est une grenade dégoupillée. Il va leur ruiner leur audience, ça va être un sabotage en règle", craint un confrère pourtant opposé à sa suspension.

Servir la lutte du peuple"

Né à La Rochette (Savoie) d'un père monteur de lignes chez EDF et d'une mère femme au foyer, Bernard Ripert s'est engagé chez les maoïstes de la Gauche Prolétarienne dès 18 ans. Travaillant à l'usine pour payer ses études, il devient avocat "pour servir le peuple et la lutte du peuple" et défend bénévolement des militants politiques.

Après la victoire de la gauche en 1981, il est un des seuls à accepter de défendre des membres de l'organisation armée d'extrême gauche Action Directe. Des "militants politiques courageux" aux "analyses et aux actions erronées", dit-il aujourd'hui.

De fil en aiguille, la lutte politique s'estompant, il défend des criminels de droit commun, notamment au procès de l'évasion du braqueur italien Antonio Ferrara. Dans les années 2010, il obtient l'acquittement d'une complice du terroriste vénézuélien Carlos, l'Allemande Christa Fröhlich. Croisant la route de Jacques Vergès, il se trouve des "points communs" avec le théoricien de la défense de rupture mais ne voit en lui qu'un "mégalo impénitent qui ne pensait à défendre qu'une personne: lui-même".

Ces dernières années, Me Ripert passe aussi beaucoup de temps à se défendre. Comme en 2009 quand le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux porte plainte car l'avocat s'est réjoui de la mort d'un gendarme, il a été relaxé en appel.

Récemment, il a encore été poursuivi pour outrage après une lettre adressée à un directeur de prison. "Je lui ai simplement demandé s'il pensait être encore en 1942 avec son surveillant minable." Et la procédure disciplinaire lancée contre lui pourrait aboutir à une radiation, selon le bâtonnier de Grenoble.

Ils ne me feront jamais taire"

Honni par certains, l'homme est aussi loué pour son professionnalisme. "Il connaît ses dossiers à fond, a un goût immodéré pour la justice qu'il voit comme un combat", décrit l'ancien président de cour d'assises Jean-Marie Fayol-Noireterre, lui reconnaissant un "caractère parfois rugueux et exigeant".

"Un avocat brillant et intelligent qui connaît parfaitement ses dossiers mais peut être excessif dans ses propos", résume Lucette Broutechoux, déléguée régionale de l'Union syndicale des magistrats.

Habitué aux provocations, Me Ripert avait promis de s'inscrire au barreau de Damas lors de sa suspension en 2013. Il défend toujours le régime de Bachar el-Assad comme il regrette la "malheureuse" chute du mur de Berlin. "Il est dans la haine depuis cette suspension", décrit un avocat qui le connaît bien. "Tout ceux qui sont à sa droite sont des fachos, ce qui fait quand même beaucoup de monde."

"Ils ne me feront jamais taire!", rétorque l'intéressé en fustigeant "les nuls" et "les incompétents" qui l'attaquent.
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