La cour d'appel de Chambéry a relaxé le directeur de la rédaction de BFMTV et son journaliste, Dominique Rizet, pour la diffusion de photos de la tuerie de Chevaline, en septembre 2012. Nos confrères de la chaîne d'info en continue avaient été condamnés en 1ère instance à 10.000 euros d'amende.
L'avocat des deux prévenus salue une décision "courageuse, rigoureuse en droit et novatrice" de la part de la Cour d'appel."Le message, c'est de rappeler qu'un journaliste doit être jugé dans le cadre de règles qui encadrent la liberté d'expression et non pas en se perdant dans la recherche de délits de droit commun retentissants", a déclaré à l'AFP Maître Pierre-Randolph Dufau défenseur de la chaîne.
Dans son délibéré, la cour est allée à l'encontre du jugement du tribunal correctionnel d'Annecy du 29 mai 2015, qui avait condamné le directeur de la rédaction de BFMTV, Hervé Beroud, et le journaliste Dominique Rizet à 10.000 euros d'amende chacun pour "recel de violation du secret de l'instruction".
Jugés pour "recel de violation du secret de l'instruction" et "reproduction illicite d'une scène de crime"
Le jugement à l'époque les avait néanmoins relaxés des délits "d'atteinte à l'intégrité d'un cadavre et de reproduction illicite d'une scène de crime". Les prévenus, ainsi que le parquet, avaient alors fait appel de la condamnation.Le 20 janvier dernier à l'audience, l'avocate générale avait estimé que les journalistes s'étaient rendus coupables de "recel de violation du secret de l'instruction" et réclamé l'infirmation de leur relaxe en première instance, pour "reproduction illicite d'une scène de crime".
Trois photos litigieuses
Les clichés incriminés montraient, pour l'un la famille britannique al-Hilli au complet avant la fusillade dont elle a été victime, et pour les deux autres des scènes du crime de Chevaline en Haute-Savoie. On y voyait la BMW de la famille et le corps d'un cycliste français, autre victime, gisant à terre, tué de plusieurs balles.Le journaliste Dominique Rizet avait présenté et commenté les photos, diffusées en exclusivité par BFMTV, à l'antenne. Les prévenus avaient plaidé la liberté d'informer.
Un crime toujours pas élucidé
Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d'origine irakienne, sa femme de 47 ans, et sa belle-mère de 74 ans, avaient été tués de plusieurs balles dans leur voiture, sur une petite route forestière proche de Chevaline.Sylvain Mollier, probable victime collatérale, avait également été tué. L'une des fillettes du couple al-Hilli avait été grièvement blessée tandis que la seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s'en était miraculeusement sortie indemne.