Tête d'affiche du biathlon français, Marie Dorin fait à 31 ans ses adieux à la compétition, dimanche 18 mars à Oslo. La quintuple championne du monde se dit "soulagée d'en finir" mais aussi "consciente" de sa "chance" d'avoir vécu cette belle carrière.
Tête d'affiche du biathlon français, Marie Dorin fait à 31 ans ses adieux à la compétition, dimanche 18 mars à Oslo. La quintuple championne du monde se dit "soulagée d'en finir" mais aussi "consciente" de sa "chance" d'avoir vécu cette belle carrière.
Quel sentiment prédomine avant votre dernière course dimanche ?
"Le soulagement. Je suis nostalgique parce que ce sont des moments qui vont me manquer mais je suis en même temps soulagée d'en finir. J'ai l'impression de ne plus avoir le corps à la hauteur de ce que je lui demande et des exigences du sport de haut niveau. Je suis contente d'en finir avec ce bout de vie, en ayant bien conscience d'avoir eu de la chance et d'en avoir bien profité."
Que retenez-vous de toutes ces années consacrées au biathlon ?
"Je retiens des moments humains, de partage avec l'ensemble du groupe, la joie et les émotions au moment des bons résultats et le soutien de la famille, du staff quand les résultats étaient plus difficiles. C'était de très belles années et je suis consciente de ma chance d'avoir pu m'épanouir dans ce sport et d'aller jusqu'au bout de mes capacités physiques et mentales en compétition."
Pensez-vous laisser une trace dans le biathlon féminin français ?
"Je n'ai pas l'impression de laisser une trace. Le sport de haut niveau est très éphémère. On est les champions d'un jour et le lendemain c'est un autre qui prend notre place, sauf quelqu'un comme Martin Fourcade qui marque une époque. Moi, j'ai fini mon temps. Derrière, il y a une équipe forte, il y aura d'autres bons résultats et on oubliera Marie Dorin. Je ne cherche pas du tout à ce que l'on continue à penser à moi. En sport de haut niveau, on est adulé un jour puis oublié et c'est ce qui fait la beauté de ces moments, qui passent très vite."
Quel est le plus beau souvenir de votre carrière et le plus mauvais ?
"J'ai trois beaux souvenirs. Il y a d'abord Vancouver en 2010. J'y ai vécu ma première expérience olympique. L'endroit était fabuleux, avec de grands espaces, exactement l'idée que je me fais du sport nordique, de la nature. Je suis arrivée sans pression et ça s'est super bien passé (bronze en sprint, argent en relais, ndlr). Cela m'a permis de décoller. Le deuxième bon souvenir, c'est le sprint des Mondiaux d'Oslo en 2016, ma course la plus aboutie, même si je termine 2e.
Le troisième bon souvenir, c'est le relais mixte des Jeux de Pyeongchang (médaille d'or, ndlr). Je sortais d'une saison difficile et j'ai réussi à rehausser mon niveau, à retrouver cette petite pêche. D'avoir gagné en équipe, c'est un beau symbole. Le pire souvenir, c'est juste avant les Jeux de Sotchi (2014). Je me blesse assez sévèrement à la cheville au départ de la Coupe du monde. J'ai eu l'herbe coupée sous le pied mais avec le recul, c'est ce qui m'a permis de tomber enceinte et de me reposer pour enchaîner trois belles saisons."
Avez-vous des regrets au moment de prendre votre retraite ?
"Non. Je me trouve plutôt chanceuse d'avoir fait cette carrière. Cela a été de belles rencontres, de belles expériences et un beau combat. J'en ressors sereine et heureuse."
Les Jeux de Pyeongchang, avec une médaille d'or en relais mixte et une de bronze en relais, ont-ils constitué la fin rêvée ?
"Bien sûr. Après mon mauvais début de saison, j'étais très contente d'un point de vue individuel et collectif d'avoir terminé comme ça. C'était de beaux moments et j'y repense avec beaucoup de bienveillance. Je suis contente d'avoir pu les vivre et d'avoir pu partager deux beaux relais. C'était vraiment une chance."
Comment envisagez-vous l'après-biathlon ?
"Avec mon mari et le fondeur Robin Duvillard, on a un projet d'hôtellerie dans le Vercors, pour l'accueil de sportifs de tous niveaux afin de transmettre ce que l'on a vécu et découvrir la région. Je passe aussi mon Master 2 Biologie-Ecologie-Environnement et l'idée serait de faire un mi-temps dans l'environnement et un autre dans l'hôtellerie."