A la Buisse (Isère), Brice Charat est une des nombreuses victimes de la Dépakine

Un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales fait état d'au moins 450 cas de malformations à la naissance entre 2006 et 2014. En cause, la fameuse Dépakine. En Isère, Brice Charat fait partie des victimes. 

Epileptique depuis l'enfance, Catherine a toujours pris de la Dépakine. L'un des médicaments les plus efficaces contre cette maladie. Le problème c'est qu'il s'attaque aux foetus. Et ça, Catherine ne le savait pas encore lorsqu'elle était enceinte de Brice, malgré ses doutes et ses demandes de renseignements. 

Brice, 27 ans désormais, est né avec des malformations, un retard psychomoteur et de sérieux problèmes cardiaques. Obligé de rester chez lui, il ne peut pas travailler et suit un traitement très lourd.

Reportage Tiphaine Honoré, Cédric Lepoittevin et Jean-Jacques Picca
Intervenants : Catherine Charat, Brice Charat, André Benbassa Gynécologue-obstétricien, ancien directeur de la maternité Belledone, Marie-Ange Nguyen-Morel Pédiatre-neurologue à l'hôpital Couple-Enfant de Grenoble

Utilisée pour traiter l'épilepsie, la Dépakine est commercialisée en France par Sanofi depuis 1967, puis sous forme générique par d'autres laboratoires. Le valproate, à la base du médicament, est également prescrit dans les troubles bipolaires, sous d'autres appellations (Dépakote, Dépamide).

André Benbassa, gynécologue-obstétricien et ancien directeur de la maternité Belledone à Grenoble, reconnaît lui-même que "le principe de précaution n'a sans doute pas toujours été bien appliqué autour de ce médicament, par manque d'informations".

Depuis 2015, la législation a été renforcée. Le pharmacien doit exiger une ordonnance d'un neurologue pour vendre de la Dépakine à une femme. Et les médecins sont appelés à la vigilance.

Les professionnels appellent cependant à ne pas diaboliser la Dépakine. Les risques ne concernent bien que la femme enceinte. 

La demande d'un fonds d'indemnisation

Confortés par un rapport officiel, les parents des victimes de la Dépakine et de plusieurs autres médicaments contenant du valproate, montent aujourd'hui au créneau pour obtenir une prise en charge adaptée ainsi qu'un fonds d'indemnisation.

"Nous souhaitons un fonds d'indemnisation comme celui mis en place pour le Mediator pour éviter des procédures qui durent des années", explique Marine Martin, présidente de l'Apesac, l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant.

Cette association, qui regroupe près de 700 familles, assure avoir déjà recensé quelque 1.050 victimes du valproate, dont la majorité souffrent de retards divers (marche, langage) ou de troubles autistes. Dans son rapport, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) évoque, elle, "au moins 450 malformations congénitales entre 2006 et 2014 chez des bébés exposés in utero", un chiffre obtenu en extrapolant à la France des données de la région Rhône-Alpes. Elle n'a en revanche pas avancé d'estimation du nombre d'enfants victimes de retards ou d'autisme qui, d'après les études scientifiques, pourraient concerner jusqu'à 40% des enfants exposés.

"La vérité, c'est que personne ne connait leur nombre", relève Me Charles Joseph-Oudin, qui travaille sur "800 dossiers en cours de constitution". L'avocat estime que le valproate aurait provoqué environ 400 cas par an d'autisme et de troubles du développement entre 2006 et 2014.
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