Commandé par la ministre de la Santé, un rapport évalue à 425 voire 450 le nombre d'enfants exposés in utero au valproate ou à la Dépakine, et porteurs de malformations congénitales. Pour arriver à ce chiffre, une rapport extrapole à la France entière des données obtenues en Rhône-Alpes.
Le valproate, un antiépileptique présent notamment dans le Dépakine de Sanofi, est un médicament indispensable dans le traitement de l'épilepsie. Mais ce traitement aurait donc provoqué près de 450 malformations congénitales chez des bébés, selon un rapport qui critique le "manque de réactivité" des autorités sanitaires et du laboratoire Sanofi. "Le constat de la mission est celui d'un manque de réactivité des autorités sanitaires et du principal titulaire de l'autorisation de mise sur le marché", écrit le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) publié ce mardi 23 février.Selon l'Igas, il faudra toutefois attendre le mois de mai pour avoir une "mesure plus précise de l'impact des prescriptions de valproate sur la descendance des femmes exposées".
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Un avertissement sur la boite
Dès le 1er mars, l'avertissement pour les femmes enceintes, qui figurait déjà dans la notice du médicament, va être inscrit sur la boite, a indiqué le directeur général de la santé, Benoit Vallet. Incontournable pour certains patients atteints d'épilepsie, mais également utilisé pour traiter les troubles bipolaires, le valproate de sodium est présent dans plusieurs spécialités pharmaceutiques dont l'antiépileptique Dépakine, commercialisé en France par Sanofi depuis 1967, puis sous forme générique par d'autres laboratoires.Il est sur la sellette depuis plusieurs années à cause de son risque élevé de malformation, mais également d'un risque plus élevé de retards intellectuels et/ou de la marche ainsi que de cas d'autisme.
Des risques connus
Ces derniers risques ne sont connus que depuis les années 2000 alors que celui de malformations congénitales a commencé à filtrer à partir des années 1980.Dans son rapport, l'Igas note toutefois que "les alertes ont été, au plan français et européen" déclenchées davantage par les médias que par "une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques".
Concernant le laboratoire Sanofi, le rapport note "une faible réactivité" entre 1995 et 2000 sur le risque de malformations congénitales.
Un arbitrage rendu au niveau européen en 2014 a conduit tous les pays européens à revoir leur condition de prescription du valproate pour "minimiser les risques". Ce médicament ne doit plus désormais être prescrit aux filles et aux femmes en âge de procréer, ni aux femmes enceintes "sauf en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses".
Mais malgré les risques encourus, les autorités françaises n'envisagent pas pour l'instant de l'interdire dans la mesure où un arrêt ou un changement de traitement brutal peut, selon l'Igas "avoir des conséquences graves, voire mortelles, pour la mère et le foetus".
"Le valproate est un médicament de référence (nécessaire dans certains cas) qui ne peut pas être supprimé comme par exemple le distilbène" a expliqué Benoit Vallet, en présentant le rapport de l'Igas. "On a encore des efforts à faire" pour que les informations sur les risques "parviennent au médecin et à la patiente", a indiqué pour sa part le Directeur général de l'agence du médicament (ANSM), Dominique Martin. Il a souligné que "l'information devait être complète, y compris sur le risque non négligeable d'avoir un enfant autiste".
Il a indiqué qu'une réévaluation de tous les médicaments antiépileptiques serait achevée d'ici l'été.
Le rapport de l'Igas reconnaît pour sa part que les prescriptions de valproate chez les femmes en âge de procréer (15-49 ans) ont baissé en France de 25% entre 2006 et 2014: leur nombre est passé de 125.000 en 2006 à 93.000 en 2014, dont 37.000 traitées pour épilepsie et 56.000 pour des troubles bipolaires.