L'épisode de fortes chaleurs qui sévit dans le département de l'Isère, placé jusqu'à dimanche soir en alerte orange canicule, incite les habitants de l'agglomération grenobloise à se réfugier dans les massifs qui dominent la ville, en quête d'un brin de fraîcheur.
Depuis près d'une semaine, ils sont nombreux à converger chaque jour vers les communes du plateau du Vercors, de la chaîne de Belledonne ou de la Chartreuse pour "échapper à la fournaise" ne serait-ce que quelques heures. Le temps d'une balade en famille ou d'un pot entre amis, dès le lever du jour ou après la journée de travail, abandonnant derrière eux jusqu'à dix degrés Celsius. Selon les professionnels du tourisme de la région, ce chassé-croisé local se pratique depuis plusieurs années, lorsque, l'été venu, les températures rendent l'atmosphère irrespirable dans la vallée.
Samedi 27 juillet, le mercure a frôlé les 40 degrés dans le centre de Grenoble au plus fort de la journée, faisant de la ville la plus chaude de France. Le phénomène est toutefois "bien moins flagrant qu'à l'été 2003", durant lequel le thermomètre avait atteint des sommets en Isère comme sur l'ensemble de la France. "Les gens s'étaient rendus en masse en forêt ou près des ruisseaux pour se rafraîchir", se souvient Catherine Cance, du bureau d'informations de l'office du tourisme de Villard-de-Lans et Corrençon-en-Vercors.
"Les gens viennent passer la journée en montagne pour se rafraîchir, puis redescendent dans la vallée. C'est commun lors des périodes de fortes chaleurs", explique Thierry Fauchon, conseiller en séjours à l'office du tourisme de Saint-Pierre-de-Chartreuse. Au coeur de cette station située à 900 mètres d'altitude, on relevait 24 degrés samedi en milieu de matinée, contre 28 à Grenoble à la même heure. "La canicule n'a en revanche pas boosté les réservations de dernière minute en montagne car l'épisode est trop court", précise Françoise Triau, responsable du service réservation de l'office du tourisme de Villard-de-Lans et Corrençon-en-Vercors.
A la recherche d'un peu d'air frais au Charmant Som
Samedi, à la mi-journée, près de huit degrés de température séparaient le centre de Grenoble des alpages laitiers de Charmant Som, havre de 200 hectares niché à 1.670 mètres d'altitude, dans le massif de la Chartreuse. La terrasse du chalet de Charmant Som ne désemplit pas depuis une semaine. Sur le parking du restaurant, plusieurs vans hébergeant des familles venues dormir "à la fraîche" sont restés stationnés toute la nuit de vendredi à samedi.
"Nous sommes venus passer la nuit car c'est à ce moment-là que la chaleur est la plus insupportable. En altitude, il fait vite frais alors qu'en ville, les températures s'abaissent très peu le soir", expliquent Thibault et Milena Liebenguth, deux trentenaires habitant au dernier étage d'un appartement "surchauffé", dans le centre de Grenoble. Le couple confie effectuer régulièrement le court trajet qui sépare leur domicile du Charmant Som, le plus souvent après le travail, pour fuir les trente-cinq degrés affichés par le thermomètre de leur salon.
De son côté, le gérant du chalet, Sébatien Roux, évoque une "fréquentation, une activité et un chiffre d'affaires multipliés par deux depuis le début de la canicule." Les réservations de dernière minute de son restaurant ont progressé: le personnel estime que ces derniers jours, "cinquante pour cent" de la clientèle du Charmant Som étaient composés de Grenoblois "à la recherche d'un peu d'air frais." "Les gens commandent des boissons fraîches jusqu'à 21 heures, alors qu'ici, c'est en général le moment d'enfiler un petit pull. Il ne fait jamais plus de 25 degrés la journée, soit souvent 15 degrés de moins que dans la vallée", ajoute Sébastien Roux.
"Nous, on adore la canicule", plaisante Stéphane De Bortoli, propriétaire d'un café au Sappey-en-Chartreuse, commune située à 1.000 mètres d'altitude et à trente minutes de Grenoble. "Les particuliers et les entreprises font des allers-retours la journée pour déjeuner ou prendre l'apéro."