Au lendemain de l’accident de chasse qui a coûté la vie à une jeune femme de 25 ans dans le Cantal, samedi 19 février, de nombreuses questions sur la réglementation et la sécurité de cette pratique se posent. Pour Jean-Pierre Soulier, président de l’association des maires ruraux du Cantal, il faut durcir les règles.
Deux jours après l’accident de chasse dans le Cantal au cours duquel une Aveyronnaise de 25 ans a été tuée, l’émotion est vive. Pour certains élus, dont le président de l’association des maires ruraux du Cantal Jean-Pierre Soulier, cet accident peut s’expliquer par une pratique de la chasse qui a changé au cours des années : « On se rend compte qu’il est difficile de concilier la promenade en forêt et la chasse. La chasse a évolué au fil des ans. Il y a 40 ans, des battues au sanglier, il y en avait très peu. Il y avait très peu de sangliers. Maintenant, il y en a beaucoup et ils ne se sont peut-être pas multipliés de manière naturelle, il y a eu des élevages. Le nombre de chasseurs, lui, n’augmente pas forcément mais ils sont plus concentrés. Aujourd’hui lors d’une battue, il y a 15 personnes. Avant, ils étaient 4 ou 5. » Il s’inquiète de voir la réglementation parfois bafouée : « Je ne pense pas que toutes les règles de sécurité soient respectées par tous les chasseurs dans le feu de l’action. Je ne suis pas chasseur mais je me suis quand même trouvé quelques fois à proximité de chemins de randonnée où une harde de chasseurs était à la poursuite d’une harde de sangliers. C’est plus un commando que des chasseurs. Ils ne sont pas toujours très disciplinés. »
Trouver des "solutions"
Pour Jean-Pierre Soulier, maire (SE) du Vigean depuis 1995, « il va falloir trouver des solutions. » Mais un compromis entre la chasse et les autres activités de pleine nature lui paraît difficilement atteignable : « On interdit la promenade toute une matinée et on laisse chasser les gens mais je ne pense pas que ce soit possible, il y a beaucoup de randonneurs. Moi, en tant que maire, je ne suis jamais au courant des battues. Il y a des panneaux mais comme les sangliers ne restent que peu de temps au même endroit, on déplace les panneaux dans la journée. On peut très bien voir des panneaux, aller ailleurs et une heure après les panneaux sont déplacés. » Il met également en cause une augmentation, selon cet élu, de la puissance des armes destinées à la chasse : « Aujourd’hui, avec les fusils de chasses, les munitions sont plus dangereuses que celles des carabines. Il faudra peut-être changer la réglementation là aussi. Peut-être que si les munitions sont moins puissantes il y aura moins d’accidents mortels. »
Tout le monde est concerné. Ça pourrait être un enfant de notre famille.
Jean-Pierre Soulier
Dans sa commune, l’édile explique être souvent confronté à la problématique de la chasse : « Chez nous, c’est un problème récurrent. Beaucoup de gens de ma commune disent qu’ils ne peuvent plus aller aux champignons tellement ils ont peur. Aujourd’hui, ils chassent sur la moitié de la commune parfois. Ce sont des espaces de 1 500 à 2 000 hectares. On ne chasse plus sur 50 hectares. » Alors, pour lui, l’émotion est vive après cet accident et il espère des solutions rapides : « Tout le monde est concerné. Ça pourrait être un enfant de notre famille. C’est dramatique pour la victime, pour l’auteure du coup de feu… C’est quelque chose qui ne devrait pas arriver. Je pense que si on ne règlemente pas plus la chasse et la promenade, on n’y arrivera pas. On ne peut pas laisser les choses tel quel. » Il a d’ailleurs lui-même été concerné par des risques liés à ce loisir : « J’ai un jardin à côté de ma maison avec un garage en taule. Un jour de chasse, j’étais dans mon jardin et les plombs sont arrivés sur le toit du garage. Tout n’est pas respecté dans le feu de l’action. Un chasseur m’a dit lui-même que tous les chasseurs ne suivaient pas toujours la réglementation. Il faudrait que le législateur fasse quelque chose. Il ne faut pas interdire les loisirs des promeneurs ni des chasseurs mais il faut trouver un compromis efficace. Les accidents, ça n’arrive pas souvent mais si ça arrive une fois tous les 10 ans c’est une fois de trop. » Jean-Pierre Soulier espère que des mesures seront prises au plus tôt pour que des drames similaires ne se reproduisent plus.