La policière judiciaire a été saisie jeudi à la suite des actes de violence commis le 30 août à Paris par un député LREM, M'jid El Guerrab, natif d'Aurillac, contre un cadre du PS, Boris Faure, qui était toujours hospitalisé jeudi soir. Le député a été placé en garde à vue ce vendredi 1er septembre.
Une enquête pour "violences aggravées" a été ouverte mercredi soir par le parquet de Paris. Le député LREM El Guerrab a été placé en garde à vue ce vendredi 1er septembre.
Selon l'hebdomadaire Marianne, qui a révélé les faits, l'altercation s'est produite mercredi après-midi rue Broca à Paris. Selon un témoin interrogé par le journal, le député de la neuvième circonscription des Français de l'étranger a "assén(é) un coup de casque très violent puis un deuxième" à M. Faure, qui est tombé "par terre, en sang".
Selon Gabriel Richard-Molard, un proche de M. Faure, celui-ci "s'est réveillé cet après-midi [jeudi 31 août, NDLR]" et "a pu manger". "Il est en observation", a-t-il dit.
Plus tôt dans la journée du 31 août, la famille de M. Faure avait indiqué qu'il avait dû "être opéré en urgence" après son admission à l'hôpital, et qu'il se trouvait en "soins intensifs".
Un autre témoin affirme avoir entendu M. Faure dire "sale Arabe" au député natif d'Aurillac.
Condamnation unanime
Le Parti socialiste et La République en Marche ont "condamné" les "actes de violence" commis par M. El Guerrab contre le premier secrétaire de la Fédération des Français de l'étranger.
"Le Parti socialiste condamne avec la plus grande fermeté cette agression", a écrit le PS dans un communiqué.
"La République en marche condamne les actes de violence commis à l'encontre de Boris Faure (...) Si les circonstances de cette altercation doivent encore être précisées, aucun comportement ne saurait justifier des actes de violence", lui a fait écho la REM.
"Aucun acte de violence n'est tolérable dans notre vie démocratique et notre État de droit", a tweeté Richard Ferrand, président du groupe REM à l'Assemblée, souhaitant un "prompt rétablissement à Boris Faure".
Le candidat LR dans la circonscription, Erwan Davoux, a demandé la démission de M. El Guerrab de son mandat.
"Je me suis défendu"
Contacté par l'AFP, M'jid El Guerrab a reconnu un geste violent, tout en affirmant avoir réagi à des "insultes racistes" et à une "agression physique".
"Je m'excuse pour la violence du geste. Et d'ailleurs, je condamne toute forme de violence car en dépit des paroles et insultes proférées, la violence n'est jamais la réaction appropriée (...) Je regrette d'avoir cédé à la provocation", a-t-il dit.
"Je n'ai jamais agressé de mon propre fait M. Faure. Je me suis défendu après qu'il m'a attrapé le poignet, pour qu'il le lâche. La seule chose que je tenais était mon casque de moto", a-t-il précisé.
Le député a indiqué s'être vu prescrire six jours d'ITT (Incapacité totale de travail) et annoncé son intention de "porter plainte pour agression".
Vers une exclusion de LREM ?
Avant son audition, M. El Guerrab a annoncé sur Facebook qu'il se mettait "en congé du parti et du groupe parlementaire LREM afin de permettre à l'enquête de se dérouler de la manière la plus sereine possible".
"Je souhaite naturellement le rétablissement le plus rapide à M. Faure", a également écrit M. El Guerrab sur le réseau social.
Au PS, le président du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale a appelé le parti présidentiel à se montrer très ferme.
"Personne n'imagine aujourd'hui que M'jid El Guerrab puisse encore incarner la République dans sa circonscription", a déclaré Olivier Faure, président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée nationale.
De son côté, la République en marche, par la voix d'Arnaud Leroy, membre de la direction collégiale, a indiqué que M. El Guerrab était convoqué "en début de semaine", "pour un entretien au siège du parti pour entendre sa version".
M. El Guerrab pourrait se voir signifier son exclusion par le Conseil d'administration de la REM, qu'il avait rejointe à fin 2016.
Le président du groupe REM à l'Assemblée Richard Ferrand a déclaré pour sa part à l'AFP que M. El Guerrab lui avait "indiqué qu'il ne voulait pas que son appartenance au groupe ne rejaillisse défavorablement sur notre travail".
De sources concordantes, un contentieux avec M. Faure est né du départ du PS de M. El Guerrab, ancien conseiller du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.
M. Faure a accusé M. El Guerrab d'avoir rejoint En Marche par "opportunisme", après avoir vu qu'il ne pourrait remporter la primaire locale pour l'investiture PS. Pour M. El Guerrab, cette primaire était une "mascarade".