Deux décès survenus après des matchs, dans le Cantal et le Puy-de-Dôme, ont endeuillé l'ovalie en 2018. Bien que leurs causes restent à préciser, certains y voient les symptômes d'un sport trop violent, et la nécessité d'en repenser la pratique dans les écoles de rugby. Exemple en Auvergne.

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"Le rugby professionnel voulait être spectaculaire comme la Formule 1, mais aujourd'hui il ressemble surtout au stock car." C'est sur ce constat que les cours des écoles de rugby reprennent doucement, début septembre 2018. Richard Poudevigne, président du Rugby Club Sancy, dans le Puy-de-Dôme, exprime avec ces mots un sentiment partagé par les dirigeants d'autres "petits clubs" d'Auvergne.

Car enfants, adolescents et adultes mordus de rugby se retrouvent plusieurs mois après s'être quittés pour une pause estivale. Entre temps, le décès d'un jeune joueur survenu après un match a plongé l'ovalie dans le deuil. Il s'agit du deuxième drame du genre en quelques mois, et il vient s'ajouter à d'autres accidents et blessures de plus en plus fréquents.
  

Plus de dents cassés, mais moins de traumatismes crâniens

 
Le président du RC Sancy a eu le temps de voir évoluer le rugby pendant des décennies … et pas forcément dans le bon sens. "Dans les années 1980-1990, on pouvait voir des beaux gestes, du beau jeu, se remémore le rugbyman, avant de résumer, aujourd'hui, on n'a même plus vraiment besoin du ballon, ce n'est que de la percussion." Et de la percussion toujours plus engagée et dangereuse.

Un avis partagé par David Bicard, responsable sportif de l'école du Rugby Club Combronde, dans le Puy-de-Dôme. "Dans le Top 14, le jeu consiste maintenant à plaquer haut et coffrer pour empêcher le ballon de sortir, note-t-il, avant de proposer, si on décide d'obliger à réaliser des plaquages plus bas, à la taille, on verrait forcément plus de jeu, les bras seraient libres pour des passes après contact, les joueurs chercheraient les intervalles, ce serait bien plus dynamique." En plus de développer un jeu plus agréable à regarder, les plaquages plus bas seraient moins dangereux. "Forcément, il y aurait deux dents cassées par-ci, une côte fêlée par-là, mais ça se répare, et à l'inverse on verrait six fois moins de ces problèmes dramatiques de commotions cérébrales et de traumatismes crâniens, qui laissent des traces parfois indélébiles", abonde Richard Pudevigne.

Toutefois, il existe un écart considérable entre le rugby professionnel du Top 14 et de la Pro D2, et le rugby amateur. "L'image qu'on a du rugby, c'est celle du Top 14 qu'on voit à la télé, alors qu'il n'a rien à voir avec nos clubs de petit niveau, pointe David Bicard, tout ce qu'il s'est passé récemment va susciter de nombreuses interrogations chez les parents, auxquels on est prêt à répondre, justement en adaptant notre enseignement."
  

Le plus court chemin, c'est parfois de contourner

 
Il n'y aurait donc pas lieu de s'inquiéter outre-mesure pour le rugby amateur, et notamment lorsque les plus jeunes y jouent. Certains clubs font même des choix plus poussés, et délaissent l'affrontement au profit du contournement. "On travaille maintenant avec des éducateurs spécialisés dans le rugby à 7, ce qui permet de vraiment faire travailler les jeunes sur les espaces, de jouer, tout simplement", explique Jean-Luc Bertholet, qui préside au Racing Club Arpajon Veinazes, dans le Cantal. Retrouver un jeu plus dynamique, qui repose sur des passes, la recherche d'intervalles, l'évitement de l'adversaire : voilà l'une des principales pistes à explorer pour retrouver un rugby à la fois mois dangereux et plus spectaculaire.
 
Le président de la Fédération française de rugby Bernard Laporte semble vouloir aller dans ce sens. Le 28 août, il a annoncé une série de mesures pour minimiser les risques à tous les niveaux, via une lettre diffusée sur les réseaux sociaux. Regroupées autour de quatre axes (pratique, échauffement, information, suivi), elles ont pour objectif "une pratique du rugby adaptée, éclairée et avec le minimum de risque".

Concernant les plus jeunes, la fédération souhaite appliquer pour les enfants jusqu'à l'âge de douze ans la règle du "Touché deux secondes" : lorsqu'un joueur est touché par un adversaire, il a deux secondes pour faire une passe à un coéquipier. Il s'agit "d'encourager à la prise d’informations, de décisions, au travail des appuis, à l’évitement", et ainsi développer cette fameuse culture de l'évitement.
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