Coronavirus : la campagne du deuxième tour, une urgence démocratique à Vic-sur-Cère dans le Cantal

Alors que le conseil scientifique a préconisé le 19 mai une campagne électorale profondément modifiée, sans actions sur le terrain ni à domicile, ce temps de débat public apparaît stratégique à Vic-sur-Cère dans le Cantal où les deux listes sont à égalité parfaite après le 1er tour.
 

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A Vic-sur-Cère (1428 habitants à l’est d’Aurillac dans le Cantal) la surprise était grande au soir du 15 mars : après un second décompte des voix, les deux listes candidates à l’élection municipale étaient à égalité, 487 voix chacune. Rien pour départager la liste de la maire sortante Dominique Bru et celle d’Annie Delrieu-Tourtoulou qui s’apprêtaient à vivre une dernière semaine de campagne intense avant le second tour 7 jours plus tard. L’une est conseillère régionale, l’autre conseillère départementale et leur enthousiasme a vite été freiné par l’entrée en confinement imposé par le coronavirus Covid 19.

Deux mois et demi plus tard, alors que le conseil scientifique a remis le 19 mai ses préconisations au Premier Ministre qui devra décider de la tenue du second tour fin juin ou en septembre-octobre, les deux candidates sont toujours perplexes. Le comité des sages présidé par le Professeur Delfraissy recommande une campagne électorale réduite, différente avec une limitation des rassemblements et des possibilités de faire campagne. En clair : pas de meeting, de tractage sur les marchés, de porte à porte et le port du masque pour tous.

"C’est compliqué, et c’est à la fois une expérience particulière" dit Annie Delrieu-Tourtoulou, "on ne sait pas comment les gens vont réagir, comment on va pouvoir aller vers eux". Pourtant compte tenu du résultat et de l’égalité de voix au premier tour, cette campagne est cruciale : "L’équipe est toujours dans la dynamique et il faut remobiliser les électeurs en leur parlant de notre programme qui est conforté par la crise sanitaire". Pour Dominique Bru qui a continué à gérer la commune : "Le confinement a changé beaucoup de choses, a fait évoluer mon programme sur la situation des personnes fragilisées qu’il a fallu aider, sur l’entraide qui est apparue, sur de nouvelles collaborations entre services publics. Il va falloir l’expliquer et dans nos territoires ruraux, ça ne se fera pas par internet ou sur les réseaux sociaux. Si on ne peut pas faire de porte à porte et de réunions, si on n’a pas cette proximité avec la population qui donne du sens, les gens sont perdus. Si on ne leur parle pas, ils ne viendront pas voter".

Rassurer les électeurs

"Il faut que les personnes nous accueillent et nous écoutent" dit Annie Delrieu-Tourtoulou, qui envisage de faire du phoning pour contourner la difficulté et convaincre les électeurs de venir voter au second tour.

"Mais on a vu à propos de l’ouverture du marché ou de l’école tout ce qu’il faut mettre en place, est-ce que dans l’incertitude les gens viendront voter ?" questionne Dominique Bru, car les chiffres le montrent, l’enjeu est bien là : "En 2014 j’ai été élue avec 12 voix d’avance ; c’est une particularité à Vic, il y a dans la commune deux façons de penser bien présentes".

Malgré un bon taux de participation de plus de 68%, "J’ai rencontré des gens attachés à cette élection de proximité qui n’ont pas voté au premier tour" précise Annie Delrieu-Tourtoulou. Or avec un écart nul au premier tour, chaque voix comptera au second tour.

Une organisation encore très incertaine

Même en milieu urbain "Tout ne réglera pas sur les réseaux sociaux et il faut avoir l’esprit tourné vers une élection avant d’aller voter. A l’échelle municipale ce sont des campagnes de proximité faites de rencontres dans les quartiers, avec les gens et les associations" dit Alain Dumeil, maire sortant de Beaumont, commune limitrophe de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme (10 787 habitants). Le premier tour n’a pas permis de départager les 4 listes qui peuvent s’y maintenir. "Les Français ont retenu des derniers discours du Premier Ministre qu’ils pourront partir en vacances cet été, on leur parle d’état d’urgence, de retour à l’école, seront-ils tournés vers les élections ? On doit d’abord rassurer sur les conditions matérielles avant de parler de nos projets".

A Bellenaves dans l’Allier, le maire sortant (battu par 51 voix d’écart) assure l’intérim. Le président de l’Association des Maires Ruraux Dominique Bidet s’interroge : "Comment les électeurs vont-ils se rafraichir la mémoire, il n’y aura que la profession de foi des candidats puisqu’on nous dit qu’on ne pourra pas aller sur les marchés, c’est dans les petites communes le lieu où l’on échange, où l’on fait vivre la démocratie ?  Les municipales, c’est de la proximité".

 
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