« Le rugby coule dans nos veines » : c’est ainsi que Romeo Gontineac, entraîneur du Stade aurillacois parle de son sport. Il a participé à quatre Coupes du monde comme joueur sous le maillot de la Roumanie. Il est fier de voir Taylor, son fils, évoluer sur les terrains de la Coupe du monde, trente ans après lui. Alors que la compétition bat son plein, ils confient leur émotion.
Tel père, tel fils. Cet adage ne pourrait pas mieux tomber pour évoquer la famille Gontineac. Taylor, 23 ans, porte le maillot de la Roumanie pour la Coupe du monde de rugby qui se joue en France. Son père, Romeo, 50 ans, actuel entraîneur du Stade aurillacois, a quant à lui participé à quatre Coupes du monde comme joueur. Il a également été sélectionneur national lors de la Coupe du monde en 2011. La Roumanie a mal débuté la compétition, en s’inclinant lourdement 82 à 8 face à l’Irlande et 76 à 0 face à l’Afrique du Sud. Samedi 30 septembre, c’est l’Ecosse qui attend l’équipe des Chênes, leur surnom officiel. Mais Taylor Gontineac n’est pas sûr de jouer. Touché à l’épaule contre les Sprinboks, il est actuellement incertain et multiplie les séances de kiné : « Ma santé va bien. J’attends de passer plus d’examens pour pouvoir prendre une décision. Je suis blessé à l’épaule depuis le match contre l’Afrique du Sud. Je serai bientôt fixé ».
Un joueur impressionné par la différence de niveaux
Le camp de base des Roumains est à Libourne, près de Bordeaux. Taylor a fait ses premiers pas en Coupe du monde et confie ses impressions : « Mes premières constatations c’est la différence de niveaux flagrante entre les équipes. J’ai vraiment pris conscience que l’Irlande et l’Afrique du sud étaient les premières nations mondiales. Elles ont un jeu très rapide et très fluide. Ce sont des équipes physiques ». Comme son père par le passé, le trois-quarts centre de Rouen Normandie Rugby est fier de porter le maillot de l’équipe nationale : « Joueurs de l’équipe de Roumanie, nous savons que nous sommes une petite nation. On ne peut pas rivaliser avec les équipes du tiers un. Nous sommes très fiers de porter ce maillot, nous donnons tout à 100 %, malgré le score ». Il est heureux que la Coupe du monde se déroule dans l’Hexagone : « Jouer en France c’est plus facile pour ma famille et mon entourage. Ils n’ont qu’à prendre la voiture, faire quelques heures de route. Je sais qu’ils sont en tribune mais je suis concentré sur le match. Après le match, quand je fais le tour d’honneur, je salue mes parents et cela me fait chaud au cœur. C’est la plus grande compétition au monde ».
Les conseils d'un père
Avant de débuter la compétition, Romeo lui a fait passer un message : « Mon père m’a clairement dit de tout donner, de ne pas écouter ce que dit la presse. Il m’a conseillé de jouer mon rugby, de prendre du plaisir et d’aider l’équipe au maximum. Ce sont des conseils de père. Il est aussi passé par là donc il est bien placé ». Romeo Gontineac est le recordman du nombre de sélections en Coupe du monde avec l’équipe de Roumanie. Il est même le deuxième joueur roumain le plus capé avec 76 sélections. Taylor confie : « Mon père est un modèle, comme tous les grands joueurs. Il a participé à quatre Coupes du monde comme joueur. Il a eu une grande carrière sous le maillot de la Roumanie ». S’il est sur le terrain samedi 30 septembre, Taylor va tout donner : « L’Ecosse a bien tenu contre l’Afrique du Sud. Je crois que c’est la sixième nation mondiale, avec des joueurs de classe mondiale comme Finn Russel. On a bien préparé le match contre l’Ecosse. Cela va être très dur. On s’attend à ce que les joueurs soient arrogants, vu nos précédents scores. On s’est préparés pour un gros match ». La Roumanie ne passera pas le stade des poules. Le jeune joueur roumain sait qui il supportera par la suite de la compétition : « Pour la suite, je rentre au club, à Rouen. Je dis allez la France, allez Dupont surtout ! L’Afrique du Sud va aussi compter ».
Vous pouvez voir ci-dessous le reportage "Famille Gontineac : rugbymen de père en fils" diffusé par l'émission Rencontres à XV.
Je ressens de la fierté
Romeo Gontineac
Romeo Gontineac ne rate aucun match de l’équipe roumaine, et observe avec attention le jeu de son fils : « Je regarde ses matchs avec beaucoup d’émotion. Cela me rappelle beaucoup de souvenirs car je suis passé par là à plusieurs reprises. J’essaie de l’accompagner du mieux possible. J’ai assisté aux deux matchs, à Bordeaux. Cela s’est très bien passé. Au-delà du score et de la performance de la Roumanie, on a essayé de se focaliser sur notre fils, de voir comment il est intégré, de voir ce qu’il fait. Il a bâti des souvenirs pour la suite ». Avant le début de la compétition, l’entraîneur d’Aurillac a tenu à conseiller Taylor : « Avant la première rencontre, il y a eu des hauts et des bas pendant les matchs de préparation à la Coupe du monde. Il y a eu beaucoup de stress, des changements dans le staff de la Roumanie. Taylor était un peu partagé sur la qualité de la préparation et il s’attendait à mieux. Le mot que je lui ai glissé a été de ne pas se focaliser sur des choses qui sont négatives et de regarder devant lui ».
"On espère que le rugby roumain va réagir"
La Roumanie a été étrillée par l’Irlande et l’Afrique du Sud. Romeo Gontineac attend une réaction des Chênes : « Le score et la performance de la Roumanie sont durs. Je sais que l’équipe est en difficulté actuellement parce que les sélections et le championnat roumain n’ont pas été très riches. Il y a très peu de joueurs qui jouent à un très haut niveau. On ne s’attendait pas à autre chose sur le terrain. On espère que le rugby roumain va réagir. En ce qui concerne Taylor, il fait partie des joueurs qui jouent à l’étranger. Il voit la qualité des joueurs et il essaie de faire au mieux ». Cette Coupe du monde est très émouvante pour Romeo : « Il y a beaucoup de souvenirs qui se réveillent en moi. Quand j’avais 20 ans, quand j’avais l’âge de Taylor, je participais à une première Coupe du monde. Je ressens beaucoup de fierté. Il fait en sorte que l’histoire continue. Je suis envahi par les émotions, en particulier pour le match contre l’Afrique du Sud. Pendant ma première Coupe du monde, j’ai connu sa maman là-bas. Vingt ans après, Taylor débute contre l’Afrique du Sud. C’est un truc de fou ».
Quatre compétitions marquantes
Il poursuit, ému : « J’ai disputé quatre Coupes du monde en tant que joueur et une autre comme sélectionneur. Chaque Coupe du monde a été un événement très spécial pour moi. Pour la première, j’ai connu Lucinda. Pour la deuxième, on a conçu Taylor. Pour la troisième, on a conçu Olivia Rose. Pour la dernière, j’ai fini ma carrière contre les All Blacks et c’était quelque chose d’extraordinaire ». L’actuel entraîneur du Stade aurillacois attend une bonne prestation samedi contre l’Ecosse : « Je pense que la Roumanie va progresser. D’un match à l’autre, l’équipe essaie de se donner les moyens de progresser, de rectifier certaines choses qui ne vont pas. Il y a beaucoup de joueurs qui ne se connaissent pas vraiment dans l’équipe. Ils ont travaillé ensemble seulement deux mois. Je souhaite que la Roumanie montre une meilleure image et que les joueurs soient fiers de ce qu’ils font. On sait que l’Ecosse pratique un rugby de très haut niveau, comme l’Irlande ou l’Afrique du Sud, donc je pense que cela va être un match très difficile. J’espère que la Roumanie montrera un autre visage ».
"On aime cette adrénaline, le contact, le combat"
Le match se joue à Lille. Il espère être de la partie : « J’espère être dans le public contre l’Ecosse. J’essaie de m’organiser car mon travail ne me laisse pas partir quand je veux. Le dernier match de poule est contre le Tonga. La Roumanie espère rivaliser avec cette équipe ». Sur le terrain, son fils a été malmené et même blessé. Romeo souligne : « J’essaie de relativiser. C’est le sport qu’on a choisi. On aime cette adrénaline, le contact, le combat. C’est comme dans la vie mais cela dure 80 minutes. J’espère de tout cœur que Taylor sera rétabli pour le match mais je suis assez pessimiste. Je suis de près le diagnostic du médecin. Il peut être fier de ce qu’il a fait jusqu’à présent ». Sur le terrain, la relève est assurée, non seulement avec Taylor mais aussi avec Olivia Rose, sa sœur, qui évolue à l’ASM Romagnat : « Le rugby coule dans nos veines. Ce sport est viral dans la famille, y compris dans la famille lointaine. Dans la famille de Lucinda, son père y jouait aussi. Mes frères ont joué au rugby. C’est une tradition, c’est culturel. J’espère que cela va continuer ».
D'autres équipes à supporter
Romeo Gontineac se projette déjà dans la suite de la compétition : « Si la Roumanie est éliminée, je serai derrière la France et l’Afrique du Sud. J’ai même au poignet un bracelet aux couleurs de la Roumanie, de la France et de l’Afrique du Sud. La France et l’Afrique du Sud ont de grandes chances de se retrouver en quart de finale. A partir de là, je m’abstiens de livrer tout pronostic ». Avec une femme sud-africaine, des enfants nés en France, il est sûr que le quart de finale annoncé entre les Bleus et les Sprinkbogs sera déchirant au sein de la famille Gontineac.