Législatives 2024. “J’ai quitté le parti sans hésitation" : ce député LR explique pourquoi il refuse l'alliance avec le RN

Mardi 11 juin, le président des Républicains Eric Ciotti annonçait son intention de s’allier avec le RN pour les élections législatives. Cette annonce a immédiatement provoqué un tollé au sein du parti. Le député du Cantal Vincent Descœur a annoncé son retrait, et d’autres parlementaires sont prêts à le suivre.

“J'ai pris la décision, dans la foulée de la déclaration d’Éric Ciotti, de quitter le parti qu'il préside”, a annoncé le député du Cantal Vincent Descoeur. Ce retrait fait suite à la main tendue d’Eric Ciotti au Rassemblement National, avec qui il entend s’allier pour les législatives qui approchent. Il a déclaré à 13 heures : "Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes, (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats".  

Pour le député auvergnat, cette décision est inacceptable et le pousse à prendre ses distances avec Les Républicains. “Cette décision individuelle est réprouvée par la grande majorité des adhérents et des élus que je connais. C'est inacceptable. Je ne me reconnais à cette heure que dans la seule déclaration de Laurent Wauquiez. J'avais déjà décidé de me représenter, je me représenterai sous l’étiquette de la droite républicaine. Il est hors de question que je puisse entretenir la moindre confusion possible au lendemain des déclarations d'Éric Ciotti, d'autant plus que, de mon point de vue, l'affaire n'est pas terminée. Ça va feuilletonner, ça va semer le trouble. On préfère que les choses soient très claires."

J’ai quitté le parti sans hésitation et sans délai puisque je l’ai décidé à 13h05.

Vincent Descoeur, député du Cantal

Une décision qui pourrait porter atteinte à sa campagne, puisque le député sortant entend se représenter, mais pour Vincent Descoeur, s’allier au RN est inenvisageable. “Si confusion il pouvait y avoir, je fais tout pour ne pas l'entretenir. Je pense que mes électeurs n'ont jamais douté, avant même la déclaration d'Éric Ciotti, de mon positionnement. Il est exclu qu'on puisse imaginer que je cautionne cette décision qui, de toute évidence, est alimentée par des raisons personnelles et locales mais qui, du coup, entache le parti. C'est inacceptable. Je comprends et j'entends que des collègues souhaitent entreprendre une action pour sanctionner au sein du parti et pour le débarquer. Mais moi, j'ai souhaité, pour qu'il n’y ait aucune ambiguïté, me désolidariser à la première minute.” Interrogé sur son maintien à la tête de LR, Eric Ciotti, élu président du parti en décembre 2022, a répondu vouloir rester à son poste, précisant que "seuls les militants pourraient me l'enlever". 

Si dans les 48 heures, Eric Ciotti est toujours président, je me retirerai.

Jean-Yves Bony, député du Cantal

Une démission du poste de président que réclament pourtant de nombreux élus, comme Jean-Yves Bony, autre député LR du Cantal : “Moi, je suis d'une droite sociale. Le RN ne correspond pas du tout à ma façon de penser, à ma façon de voir les choses. Je suis sur l'ancienne circonscription de Georges Pompidou, donc c'est pour moi inacceptable ce qu'a fait Éric Ciotti aujourd'hui. S'il reste président des LR, moi je ne suis plus LR”, a-t-il martelé. Son avenir à LR est donc très incertain, car Jean-Yves Bony ne croit pas au retrait de son actuel président : "Il vient d'annoncer qu'il ne démissionnait pas et qu'il restait président. Donc ça veut dire ce que ça veut dire. Pendant 3 semaines on va lui dire de démissionner, il ne démissionnera pas. Moi, je ne pars pas avec l'étiquette LR en ayant comme président Monsieur Ciotti. C'est la ligne rouge, elle a été franchie. Ça a fait énormément de dégâts. Je ne vais pas rester 3 semaines à attendre de savoir si juridiquement on peut l'expédier ou pas. A l’heure où je vous parle, j'ai enlevé tous les logos LR de ma profession de foi, de mon affiche, tout. Si dans les 48 heures, Eric Ciotti est toujours président, je me retirerai.  

Il a réaffirmé son soutien à d’autres personnalités politiques de droite, comme Laurent Wauquiez, qui a annoncé sa candidature en Haute-Loire : "Je n'ai toujours eu qu'une boussole. Je considère Laurent Wauquiez comme quelqu'un qui peut être un bon chef de file. Je vois ce qu'il a fait pour le Cantal et pour les territoires les plus ruraux, il a apporté beaucoup. Mes électeurs, eux, sont partagés, mais je ne peux pas me présenter en fonction de ça. Je préfère perdre avec mes valeurs. Si ça convient à mes électeurs, c'est bien. Si ça ne leur convient pas, ils me jugeront dans l'urne. Je préfère perdre mon siège plutôt que m'allier au RN. C’est dit.” 

Ce qui me choque le plus, c'est de faire ça pour sauver des postes et un groupe.

Nicolas Ray, député de l'Allier

Nicolas Ray, député LR de l’Allier, n’a quant à lui pas quitté le parti, il est en revanche fermement opposé à toute alliance avec le Rassemblement National : “Je dénonce cette décision totalement personnelle qui est contraire à l'histoire de notre famille politique. Comme je l'ai dit, quand le bateau tangue, il faut rester fidèle à sa ligne et à ses valeurs. Moi je reste fidèle à ma démarche de droite républicaine et du centre sur laquelle j'ai été élu il y a 2 ans. Je crois que c'est une très mauvaise réponse qui est adressée. Les Français n'attendent pas des désaccords de boutique pour sauver des postes. C'est ridicule. C'est tout ce que les Français détestent et à juste titre. On ne fait pas des accords pour des postes. Il y a quand même des différences d'idées énormes. Faire des alliances de dernière minute, je le dis clairement : c'est honteux.” 

De nombreuses démissions

Il ajoute : “Cette alliance, c'est un hold-up qu'il commet à la tête du mouvement, personne n'est sur cette ligne ou des cas très isolés. Imposer cette décision sans qu'il y ait une réunion du bureau politique, c'est inadmissible. Tous les grands leaders de notre famille politique, Laurent Wauquiez, Gérard Larcher, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse sont opposés à cette ligne. Moi je me suis engagé il y a 20 ans, en 2002, suite à la réélection de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen. Moi, c'est ça mon histoire.”

Aucune alliance avec le RN. C'est très clair, pas d'ambiguïté.

Jean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire

“Pas d'alliance avec le RN, a également martelé Jean-Pierre Vigier, député LR de Haute-Loire. "J’ai toujours été LR, je vais rester LR. J'ai des convictions en politique. Je suis un gaulliste, je suis plutôt centre-droit. J'étais l'aile centriste des Républicains. J'ai fait une campagne de terrain, de proximité et sur cette élection législative, j'ai des gens de droite, de centre, de gauche qui ont voté pour moi, pour mon action. Je ne fais pas d'alliance avec eux, avec le RN. Moi je pense qu'Eric Ciotti doit partir. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de LR qui le suivent ou pas et j'attends de voir ce que la réorganisation va être au sein de notre parti.” En effet, il estime que ce n’est pas à lui de quitter le parti, mais bien à Eric Ciotti : C'est lui qui l'a fait à titre personnel. Les Républicains refusent le RN. C'est plutôt à lui de quitter le parti. Moi, je fais surtout campagne sur mon nom, sur mon action. C'est ce que j'ai toujours fait sur le territoire et à l'Assemblée Nationale. Mais aucune alliance avec le RN. C'est très clair, pas d'ambiguïté. 

Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau, a dénoncé "une ligne personnelle", rejoint par le patron des députés LR Olivier Marleix pour qui Eric Ciotti "n'engage que lui" et doit démissionner. Dans la foulée, deux influents sénateurs ont annoncé quitter Les Républicains, Sophie Primas et Jean-François Husson. Depuis l'annonce par le chef de l'Etat de la dissolution de l'Assemblée nationale, le RN a multiplié les appels à la droite. Son président Jordan Bardella a affirmé mardi que son parti soutiendrait des candidats de droite aux législatives anticipées du 30 juin. 

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