Connaissez-vous le Saint-Esprit, ce bijou iconique du Cantal ? Symbole de richesse et de dévotion, il a traversé les siècles et continue de briller dans la région.
Au cœur du Cantal, un bijou mystique traverse les siècles : le Saint-Esprit. À la fois symbole de la Trinité chrétienne et œuvre d’artisanat raffiné, il incarne l’histoire et les traditions auvergnates. Brigitte Lépine, ancienne directrice du musée d’art et d’Archéologie d’Aurillac connaît bien ce bijou populaire en Auvergne. “Son origine remonte au XVIIIᵉ siècle, mais c'est sous le second empire, que le pendentif connaît sa plus grande vogue en Auvergne", souligne-t-elle.
“Il prend la forme d'un pendentif en or, souvent décoré d’émail blanc et de pierres précieuses ou semi-précieuses, décrit l'ancienne directrice de musée. La pièce principale représente une colombe, symbole du Saint-Esprit, avec les ailes déployées et la tête en bas. Autour de la colombe, des pendentifs supplémentaires sont parfois ajoutés, dont la signification reste encore floue”.
La dimension religieuse du Saint-Esprit
Bien que le Saint-Esprit porte une colombe, symbole religieux chrétien, il n’a pas de véritable dimension liturgique, selon Pascale Moulier, archiviste au diocèse de Saint-Flour. “Ce bijou n’a pas de dimension religieuse, pas plus que porter une médaille de la Vierge", insiste-t-elle. “Le Saint-Esprit représente la Trinité chrétienne – Jésus, Dieu et le Saint-Esprit – et il est souvent associé à des valeurs spirituelles. Cependant, c’était un bijou qui était très répandu au XIXe siècle, parmi les croyants ou non-croyants", précise-t-elle, ajoutant que son rôle était plus celui d’un bijou d’apparat, destiné à afficher une certaine richesse et un statut social.
Une autre fausse légende entoure le bijou : celle de la signification des trois pendentifs. "On pouvait entendre que cela correspondait au nombre d’enfants; c’est faux", précise Pascale Moulier. "À cette époque, les femmes avaient en moyenne une dizaine d’enfants, vous comprenez bien que c’était compliqué d’avoir 12 pendentifs si on suit cette logique", explique-t-elle.
Un bijou de famille
Le Saint-Esprit représente bien plus qu’un simple bijou. Il est devenu un véritable symbole du patrimoine auvergnat, témoignant du savoir-faire exceptionnel des artisans locaux. “Le père donnait un Saint-Esprit lors du mariage de sa fille. Et certaines familles bourgeoises de la région se faisaient photographier avec leur Saint-Esprit pour immortaliser leur richesse et leur appartenance à une tradition locale. C'était plus qu'un bijou, c'était un héritage”, souligne Brigitte Lépine.
Aurillac, capitale du Saint-Esprit
Sa fabrication à Aurillac a contribué à sa renommée, selon l’ancienne directrice de musée. "Le Saint-Esprit typique d’Aurillac est fait d’émail blanc piqueté de points verts et garni de pierres colorées", décrit Brigitte Lépine. "Cette technique unique a permis au bijou de se distinguer dans toute la région et même au-delà. La couleur verte étant la spécialité d’Aurillac". Selon l’ancienne directrice de musée, cet accessoire est tellement ancré dans le patrimoine aurillacois, que l’ancien président Paul Doumer s’en est vu offrir un par la ville d’Aurillac, en hommage à ses racines auvergnates.
Au fil du temps, le Saint-Esprit a traversé les siècles et demeure encore aujourd’hui un produit du terroir. Il est toujours vendu dans les bijouteries d’Aurillac et apprécié par les collectionneurs et les amateurs d’histoire locale.