En raison de l'épidémie de coronavirus, les résidents des Ehpad se sentent souvent isolés. A Aurillac, Ronaldo Mbumba, chante et joue de la guitare aux résidents de La Louvière. Une vidéo où il interprète la chanson "Les yeux de la Mama" de Kendji Girac fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus COVID 19, les personnes âgées souffrent de solitude, d’isolement et trouvent parfois les journées longues. Pour les aider dans cette période de confinement, les personnels des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) les épaulent au quotidien.
A Aurillac, dans le Cantal, Ronaldo Mbumba chante et joue régulièrement de la guitare aux 70 résidents de la maison de retraite associative La Louvière. Cet accompagnant éducatif et social (AES) en alternance donne, dès qu'il le peut, des mini-concerts. Une vidéo réalisée pendant l'un d'entre eux a été mise en ligne, le samedi 25 avril, sur la page Facebook de la résidence. Depuis, la vidéo multiplie les clics, les partages et les commentaires. "Je suis étonné et surpris que l’on parle de moi. Je n’avais rien préparé, c’était de la totale improvisation" explique Ronaldo."En mettant cette vidéo en ligne sur notre page, je ne m’attendais pas à un tel écho" s’étonne également Gwendal le Berre, le directeur de l’Ehpad.
Complicité, émotion et partage
Sur cette vidéo, Ronaldo est au milieu du couloir du 2ème étage. Accompagné de sa guitare, il chante "Les yeux de la Mama" de Kendji Girac. Une chanson qu’il affectionne particulièrement. Résidents et membres du personnel l’écoutent en respectant les distances de sécurité. "J’aime les chansons à texte qui parlent de la vie. En chantant, je les soutiens et les encourage. C’est dur pour eux en ce moment. Ils sont coupés de leurs proches. Nous passons un bon moment. Je leur redonne le sourire en cette période difficile". Il dit en rigolant : "Ce n’était pas meilleure prestation mais tant pis la vidéo est faite" .Le soir quand le jeune home passe dans les chambres, il entend : "Merci, ça m’a fait du bien, ça m’a fait plaisir, ne pouvez-vous pas le faire plus souvent?". Ces moments musicaux, de complicité et de partage les résidents en raffolent : "Ils fredonnent, ils chantent, ils tapent dans leur main. C’est un plaisir pour moi de faire cela pour eux".
"Quand Ronaldo a terminé son travail, qu’il est plus tranquille, il prend sa guitare et joue" souligne le directeur de l’Ehpad. "Cela fait du bien aux résidents. Ils sont contents. Ce sont des moments précieux pour eux mais aussi pour le personnel", il ajoute également, "Nous avons dû nous adapter et changer nos façons de travailler. Chaque salarié dépasse sa fonction et son rôle. Il y a une grande solidarité au sein de notre établissement".
Garder les animations à tout prix
Le personnel et le directeur de La Louvière veillent au quotidien à proposer de nombreuses animations aux résidents. L’établissement ouvre, chaque année, ses portes au festival d’Aurillac, au festival du conte et des cultures Rapatonades, à Jour de Danse ou encore au festival de musique Hibernarock. "Ici c’est un lieu de vie. Chanteurs, danseurs, magiciens, compagnies de théâtre et autres artistes viennent régulièrement" précise Gwendal Le Berre.Alors en cette période de confinement, pas question de changer les habitudes. L’établissement fait tout pour accompagner les résidents. Des tablettes numériques sont à disposition des résidents qui peuvent contacter leur famille du lundi au vendredi. Depuis peu, les visites des proches sont autorisées mais strictement encadrées. Il ajoute : "Le personnel passe régulièrement leur parler, leur apporter des livres et des jeux. En ce moment, ils montrent aux résidents des clichés du Cantal pris par le photographe Vincent Piétri pour les faire voyager et parler de leur département". Les heures de la psychologue ont été augmentées.
Ronaldo Mbumba suit un cursus pour devenir Accompagnant Educatif et Social (AES). Il alterne une semaine de cours et trois semaines de présence à l’Ehpad. Avant le confinement, il animait depuis le mois de février un atelier "découverte de la musique africaine". Il présentait les instruments traditionnels de l’Afrique et partageait des moments musicaux avec les résidents. Comme eux, il a hâte de retrouver ce quotidien d’avant confinement. En attendant, il continue d’interpréter des chansons de Kendji Girac, Patrick Fiori, Vianney ou encore Amir. Il a déjà enchanté le 1er et le 2ème étage de l’Ephad … les résidents du 3ème étage l’attendent avec impatience.