Dans le Puy-de-Dôme et le Cantal, des drones à caméra thermique au secours des courlis cendrés, une espèce vulnérable

La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) d’Auvergne va mettre en place une nouvelle technique à la fin du printemps, pour repérer et protéger les nids du courlis cendré, une espèce vulnérable dont il ne reste qu’une centaine de couples en Auvergne. Il s’agit de drones à caméra thermique.

En Auvergne, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) entend bien mettre la technologie au service de la protection animale. En effet, au début du mois de mai, l’association expérimentera l’utilisation de drones équipés de caméras thermiques qui permettront de débusquer les nids du courlis cendré, une espèce d’oiseau considérée comme « vulnérable ». Ce programme test sera mené sur deux territoires dans lesquels on trouve fréquemment des courlis cendrés : la Limagne (Puy-de-Dôme) et la Planèze de Saint-Flour (Cantal). Cette technique est nécessaire car ces nids sont souvent bien cachés : « Pour repérer les nichées, c’est très difficile. Les femelles, quand elles couvent, sont complètement camouflées dans l’environnement et avec un simple drone et une caméra normale c’est presque impossible de les trouver. Elles se confondent complétement avec la végétation. Son plumage est fait pour se dissimuler des prédateurs », explique Clément Rollant, membre de la LPO et chargé de ce projet dans le Puy-de-Dôme.

Repérer les nids des oiseaux

Des bénévoles et salariés vont d’abord faire un travail de repérage des couples de courlis cendrés pour connaître les parcelles de terrain fréquentées par ces oiseaux. Ils observeront ensuite les parades pour avoir une idée de la zone de placement du nid. Cette observation se déroule de la mi-mars à fin avril : « A partir de là, on va utiliser un drone avec deux caméras embarquées, une thermique et une normale. On va réaliser des vols au lever du jour, en  tout début de matinée. Les oiseaux dégagent un peu de chaleur et cela va contraster avec le sol qui est froid en début de journée. On va donc pouvoir observer des points lumineux sur les écrans de contrôle qui vont nous indiquer la présence d’un animal. La deuxième caméra va nous permettre de visualiser rapidement s’il s’agit d’un courlis ou d’un autre animal », détaille Clément Rollant. Une fois le nid repéré, le drone permettra à la LPO d’obtenir les coordonnées GPS de l’endroit exact où se trouve l’oiseau.

Travailler avec le monde agricole

Si le nid se situe sur une parcelle agricole, les bénévoles prendront alors contact avec l’agriculteur qui possède le champ ou la prairie. « On se renseigne pour savoir quels sont les travaux prévus sur la parcelle et si ça risque de poser problème au bon développement des nichées. Dans ce cas, on voit ensuite avec l’agriculteur pour trouver une solution qui permette de sauver le nid », précise Clément Rollant. Si le courlis installe son nid dans un champ de maïs par exemple, la LPO va baliser le nid pour que l’agriculteur sache précisément où il se trouve et puisse l’éviter lors du passage des engins agricoles. « La protection des courlis se fera en bonne entente avec les agriculteurs. Ca se passe très bien pour les busards cendrés, on travaille très bien avec le monde agricole pour la préservation des espèces. On a de très bons contacts avec les agriculteurs », ajoute Clément Rollant. Les membres de l’association redoutent également la prédation des courlis cendrés par les renards, les martres ou encore les chiens divagants : « On mettra une clôture électrifiée qui permettra de garder les prédateurs à distance », affirme Clément Rollant. Les drones sont d'ores et déjà utilisés pour la préservation des busards cendrés, comme on le voit sur la vidéo ci-dessous :

"Ça permet de trouver plus de nids dans la saison et de sauver plus d’oiseaux"

En Auvergne, les drones sont utilisés depuis 2016, mais les caméras thermiques viennent seulement de faire leur apparition : « Cela fait environ 2 ans que des collègues ailleurs en France utilisent le drone thermique pour repérer les nichées. Ça a l’air de porter ses fruits. On n’a pas forcément les mêmes milieux mais on espère que ça marchera aussi bien chez nous », indique Clément Rollant, pour qui le drone thermique serait un gain de temps important pour la préservation des espèces : « C’est très compliqué de repérer les nids. Ça demande des dizaines d’heures de surveillance pour arriver à localiser précisément le nid. Là, le drone, en quelques minutes, il aura survolé la parcelle et on pourra trouver l’emplacement du nid. Ça permet de trouver plus de nids dans la saison et de sauver plus d’oiseaux. » La LPO fait appel à un prestataire pour les drones via des conventions de mécénat.

Une espèce en liste rouge

Si le courlis cendré est désormais une espèce vulnérable, c’est en partie à cause des changements de paysages en Auvergne. Il niche habituellement dans des prairies humides qui sont de plus en plus transformées, notamment en Limagne, pour faire des champs de culture. « Le courlis a réussi à changer ses habitudes et à nicher dans le blé par exemple, donc une partie des nichées arrive à s’envoler, mais moins qu’avant », précise Clément Rollant. Selon lui, cette transformation des paysages induit une baisse de la biodiversité en général et donc, pour les prédateurs, une tendance à se retourner vers les quelques espèces restantes, dont le courlis cendré qui est de fait plus fréquemment chassé par d’autres espèces. En Auvergne, il reste moins d’une centaine de couples. Dans la plaine de la Limagne, ce chiffre est estimé à une dizaine. Cette espèce reste pourtant chassable, même si en Auvergne, il ne s’agit pas d’une espèce fréquemment chassée. Cependant, selon Clément Rollant, les courlis cendrés subissent une forte pression de chasse sur le littoral pendant la période d’hivernage.

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