Environ 8 % des habitants d'Auvergne-Rhône-Alpes ont bu un verre d'alcool tous les jours en 2021, selon une étude de Santé Publique France, dévoilée ce mardi 23 janvier. Une tendance en baisse, même si celle à boire beaucoup en une même occasion, proche du "binge drinking", ne suit pas la même évolution.
Alors que le "Dry January" se termine, où en est la consommation d'alcool des Français ? Le dernier bulletin de Santé Publique France, publié ce mardi 23 janvier, permet d'y voir plus clair. En 2021, 8 % des habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes déclaraient notamment boire tous les jours, d'après un baromètre réalisé auprès de 22 625 adultes âgés de 18 à 75 ans.
Ce pourcentage (8 %) est exactement le même que celui de la moyenne française. Dans la région comme dans le reste du pays, la consommation quotidienne d’alcool baisse. En revanche, les indicateurs concernant la tendance à boire beaucoup en une même occasion, proche du "binge drinking", "n'ont pas évolué significativement", et sont même en hausse chez les femmes à l'échelle nationale, avertissent les auteurs de l'étude.
Trois fois moins d'adultes qui boivent tous les jours
Boire tous les jours reste un réflexe beaucoup plus marqué chez les hommes, même s'il est de moins en moins courant.
En 2021, en Auvergne-Rhône-Alpes, 11,7 % d'entre eux déclaraient consommer de l'alcool quotidiennement, contre 4,6 % des femmes interrogées. En comparaison, ces mêmes pourcentages sont de 12,6 % et de 3,8 % en moyenne en France. Une évolution sociétale dont les causes "n'ont pas été approfondies dans le cadre du questionnaire", détaille l'un des auteurs de l'étude, Raphaël Andler.
Le verre de vin à chaque repas est une habitude qui se perd alors qu'elle portait beaucoup la consommation d'alcool.
Raphaël Andler, chargé d'études à Santé Publique France
Les régions où les habitants ont encore le plus tendance à boire tous les jours sont l'Occitanie (11 %), la Nouvelle-Aquitaine (10,2 %), ou encore le Pays de la Loire (9,7 %), selon les données recueillis par les enquêteurs. C'est beaucoup plus rare en Île-de-France (5,4 %), dans les départements et territoires d'Outre-mer (5,1 % à La Réunion, 5 % en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe), ou encore dans les Hauts-de-France (6,8 %).
Ces chiffres corroborent une tendance de fond : "En 30 ans, entre 1992 et 2021, la part d’adultes déclarant boire de l’alcool tous les jours a été divisée par trois (aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes)", lit-on dans le bulletin. Les Français boivent moins souvent, "en correspondance avec les baisses des volumes de vente" et dans des quantités légèrement moins importantes, semble-t-il : entre 2017 et 2021, la consommation chez les plus de 15 ans est passée de 11,7 à 10,56 litres par an en moyenne.
Le "binge-drinking" progresse chez les femmes de plus de 35 ans
Mais les Françaises et les Français continuent de boire énormément, plus ou moins régulièrement. En 2021, "un tiers des adultes ont déclaré avoir bu au moins six verres d'alcool en une même occasion au cours de l'année passée", poursuit Raphaël Andler.
La tendance se stabilise en Auvergne-Rhône-Alpes, avec 17,3 % des sondés qui déclarent le faire au moins une fois par mois. C'est à peine plus que la moyenne nationale, qui se situe à 16,5 %. Là encore, les hommes sont plus nombreux (24,9 %) mais ce pourcentage ne connaît pas d'évolution significative, tandis qu'il progresse chez les femmes (8,6 %).
Dans le détail, la pratique est même "plutôt en diminution parmi les jeunes hommes" (18-24 ans), tandis qu'elle "tend à augmenter parmi les femmes de plus de 35 ans", analyse Santé Publique France. L'agence avance plusieurs hypothèses susceptibles d'expliquer cette évolution : "l’augmentation de la part de femmes participant au marché du travail, le recul de l’âge au premier mariage ou de l’âge du premier enfant", qui a fait l'objet de plusieurs études sociologiques.
Certaines femmes évoluant dans des milieux masculins, notamment dans des sphères socio-économiques favorisées, pourraient avoir tendance à s’adapter aux comportements de consommation (...), afin de se conformer à certains codes informels.
Santé Publique France
Les femmes peuvent aussi "utiliser l'alcool comme une forme d’automédication pour lutter contre le stress", poursuit l'agence nationale de santé publique, qui relève aussi "un marketing agressif visant le public féminin" de la part des lobbies industriels.