Lundi 11 mai, les pêcheurs du Cantal et de Haute-Loire seront au bord des ruisseaux et des rivières, heureux de pouvoir enfin taquiner le poisson après ces deux mois de confinement pour cause de coronavirus. Mais pour les lacs et les plans d’eau, ce sera au cas par cas.
La pêche rouvrira lundi 11 mai, une demi-heure avant le lever du soleil. Enfin, pour les ruisseaux et les rivières. Pour les lacs, étangs et barrages, les fédérations de pêcheurs de Haute-Loire et du Cantal attendent encore les arrêtés préfectoraux.
Moins de cartes de pêche vendues
Impatients et heureux de pouvoir ressortir la canne et les hameçons ! La saison de pêche dans les rivières de première catégorie (où se prend la truite sauvage) venait tout juste d’ouvrir, le 14 mars, lorsque le confinement a été imposé. « Pour nous c’était frustrant, mais il y avait des choses plus importantes, plus difficiles à vivre, et nous avons respecté les consignes strictement ». Lionel Martin, président de la Fédération de Pêche de Haute-Loire se réjouit d’aller passer, dès qu’il le pourra, une journée entière dans la haute vallée de la Loire avec sa canne et ses cuissardes. « Cette reprise, on l’attend avec impatience », lui fait écho Jacques Chalier, à la fédération du Cantal. Dans les deux départements, le confinement a eu le même effet : une chute importante des ventes de cartes de pêche.
« On a 15 000 pêcheurs en temps normal, on a perdu 2000 cartes actuellement », constate Lionel Martin en Haute-Loire. Dans le Cantal, la fédération qui compte 13 000 adhérents a enregistré un recul de 10%. Un manque à gagner important pour les deux fédérations qu'elles ne sont pas assurées de rattraper.
Quid des grands barrages du Cantal ?
La pêche ne faisait pas partie des motifs autorisant une sortie d’une heure pour pratiquer une activité sportive de proximité. Dans le Cantal, la Préfète avait même pris un arrêté pour interdire l’accès des berges sur l’ensemble des cours d’eau et plans d’eau de son département (ce qui n’était pas le cas en Haute-Loire).
Dès lundi 11 mai, l’accès à l’ensemble des ruisseaux et rivières, 11 000 kilomètres en première catégorie pour le Cantal, sera donc permis de nouveau. "Mais qu’en sera t-il pour les lacs et les grands barrages, comme la retenue et les gorges de la Truyère, de Sarrans, d’Enchanet ?", s’interroge Jacques Chalier, chargé du développement à la fédération du Cantal. "Les présidents des 15 associations de pêche (APPMA) du Cantal ont sollicité les maires pour qu’ils fassent une demande auprès de Madame la Préfète".
Dans un communiqué de presse, la préfecture du Cantal apporte ces précisions : "La pratique de la pêche en eau douce sera de nouveau possible uniquement sur les berges des cours d'eau du département, dans le cadre d'une pratique individuelle et dans le respect des gestes barrières, en particulier le respect de la distanciation physique entre pêcheurs. La pratique de la pêche demeurera donc interdite sur les berges des plans d'eau et des lacs, sauf si le préfet a préalablement autorisé leur accès, sur demande du maire".
La préfecture renvoie par ailleurs sur son site http://www.cantal.gouv.fr et sur les réseaux sociaux.
Ce sera donc au cas par cas.
En Haute-Loire, Josette Arnaud, maire du Bouchet-Saint-Nicolas déclare qu’elle a demandé au préfet de rouvrir les parkings et les accès du lac du Bouchet, un paradis pour les pêcheurs de truites dans son écrin de verdure, où sourit-elle, « il y a assez de place pour se tenir à distance » (le tour de ce lac volcanique fait 3 kilomètres).
Les pêcheurs altiligériens s’interrogent en revanche pour le site du barrage de Lavalette, sur la commune de Lapte, où l’on vient taquiner le brochet notamment.
Impact économique certain
La fédération des pêcheurs du Cantal a fait réaliser une enquête sur le poids du tourisme-pêche dans le département par un bureau d’étude.
« C’est un loisir très développé chez nous, le nombre de pêcheurs double avec ceux qui viennent de l’extérieur et cela représente 8 millions d’euros de retombées chaque année, pour les hébergeurs, les restaurateurs, les magasins de pêche, les moniteurs et guides de pêche etc… », assure Jacques Chalier. Les restrictions de déplacement actuelles dans un rayon de 100 kilomètres (d’un département à l’autre), si elles devaient se poursuivre cet été, auraient un impact économique important pour le Cantal et pour l’activité.
Son collègue de Haute-Loire le déplore aussi : « Nous avons dû fermer nos deux écoles de pêche qui accueillent plus de 60 jeunes et nous ne savons pas encore quand nous pourrons les rouvrir, nous attendons les annonces que le gouvernement doit faire le 2 juin ». Il pense également aux détaillants d’articles de pêche dont les magasins vont pouvoir rouvrir après le 11 mai. « Il faut qu'on soit solidaire et qu'on privilégie les achats dans les magasins locaux plutôt que sur internet », lance Lionel Martin.
Autre inquiétude : la sécheresse
Dans les deux départements auvergnats, les pêcheurs ont une autre source d’inquiétude en ce moment : la sécheresse. « Les poissons ont eu la paix pendant deux mois , mais les conditions n’étaient pas idéales pour la truite avec un niveau des cours d’eau très bas et une sécheresse importante », relève le Cantalien. « Oui, les truites et les ombres communs n’ont pas été dérangés dans les frayères en mars, mais l’épisode de sécheresse qu’on a connu n’a pas facilité la vie des poissons », constate aussi l’Altiligérien « et les super-prédateurs comme les cormorans ont pu s’en donner à coeur joie »… Tous deux ont tout de même hâte de retrouver la nature et les cours d'eau.