Les vacances de printemps sont habituellement l'un des moments de l'année où les restaurants de Haute-Savoie réalisent leurs meilleurs chiffres d'affaires. Mais avec l'épidémie de coronavirus, l'activité est en berne et certaines entreprises risquent de déposer le bilan.
Pas une minute de répit entre deux services. En période de vacances de printemps, les fourneaux tournent à plein régime dans les cuisines des restaurants de Haute-Savoie. Mais depuis la fermeture obligatoire des bars et des restaurants, le 15 mars dernier, ces entreprises sont à l'arrêt.
"On ne part pas en vacances pendant la période de confinement" a rappelé ce 2 avril, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Avec la crise sanitaire du coronavirus et le confinement, le secteur du tourisme est au point mort. Un coup dur pour l'économie de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où le tourisme génère en moyenne, 21,2 millions d'euros de revenus. Ski, canoë, randonnée... Les reliefs attirent habituellement les foules. En Haute-Savoie, les professionnels du tourisme enregistrent un manque à gagner vertigineux.
"Le chiffre d'affaires est de zéro"
Avec la fermeture de son restaurant "Le p'tit Bistrot" à Abondance, Thomas Lucadello n'arrive pas à s'en sortir : « Du 15 mars, jusqu'à aujourd'hui, le chiffre d'affaires est de zéro. » Avant la crise du coronavirus, le gérant de cette TPE (très petite entreprise) avait réalisé un chiffre d'affaires de plus de 80 000 euros. Même impact pour Christelle Ancey et son mari, gérant du bar-restaurant "Le Télémark", en Haute-Savoie. La restauratrice estime que les TPE seront les plus fragilisés économiquement par la crise du coronavirus Covid-19.Conséquences, des salariés et des fournisseurs qui ne sont plus payés. En Haute-Savoie, les établissements d'hébergements et de restauration employaient 22 373 salariés, en 2018.* « Je suis endetté auprès de tous mes fournisseurs et je ne peux pas encore payer mes salariés » explique Thomas Lucadello. Dans ce contexte, le dispositif de chômage partiel mis en place par le gouvernement, permettant de rembourser l'entreprise après le versement des salaires, ne suffit pas. Le restaurateur savoyard doit "se battre avec sa banque" pour obtenir une augmentation de son découvert autorisé.
Autres mesures au niveau de la région Auvergne Rhône-Alpes. Un "plan d’urgence pour l’économie" qui ouvre une aide allant jusqu'à 1 500 euros à destination des TPE, indépendants et micro-entrepreneurs. "Cette aide concerne seulement les entreprises prêtes à mettre la clé sous la porte" s'indigne Christelle Ancey. « Du jour au lendemain, on nous a dit de fermer et on ne sait pas quand on va rouvrir. »
L'incertitude de pouvoir rouvrir
Depuis le 14 mars dernier, les restaurateurs sont dans l'incertitude. Après la fin du confinement, l'ouverture au public de leurs établissements n'est pas encore garantie. Pour la saison estivale, mêmes inquiétudes. Les organisations professionnelles du secteur évoquent même, d'ici-là, la fermeture probable d’hôtels et de restaurants.
* Enquête 2018 de l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) et de l'Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales (Urssaf).