En Auvergne-Rhône-Alpes, des pharmaciens font face à des ruptures de stock et tentent de rassurer leurs clients face à la montée de l'épidémie de Covid-19.
Face à la multiplication du nombre de cas de coronavirus en France et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les pharmaciens ont vu leurs prérogatives élargies. Un arrêté du 6 mars du ministre des Solidarités et de la Santé autorise les pharmaciens à fabriquer leur propre gel hydro-alcoolique pour faire face aux ruptures de stocks qui ont eu lieu un peu partout. Un décret publié le 15 mars dans le Journal officiel a ensuite permis aux membres de la profession de renouveler des ordonnances expirées pour un traitement chronique afin d'alléger l'emploi du temps des médecins généralistes face à la crise sanitaire.
Ces différentes mesures ainsi que la saturation du système de santé ont placé les pharmaciens en première ligne pour rassurer les Français en pleine épidémie du coronavirus. "Il y a un vrai travail d'information à faire auprès des gens qui viennent nous voir. Même si des gens ont soi-disant des connaissances médicales dans leur entourage, ils doivent s'adresser à des professionnels de santé et 99% des pharmaciens sont extrêmement compétents pour répondre aux interrogations. Les gens qui viennent nous voir sont beaucoup à transformer les informations entendues à la télévision et chaque patient veut ses réponses à ses questions", explique Bernard, pharmacien gérant de la pharmacie des Canuts à Lyon avec son associée Magalie.
"Lundi et mardi, c'était l'enfer"
Toutes les pharmacies que nous avons contactées en Auvergne-Rhône-Alpes ont été assaillies depuis plusieurs jours par un afflux du nombre de patients. "Lundi et mardi, c'était l'enfer. On s'est fait assassiné au téléphone car les gens ne comprennent pas quand on leur dit "non" et il y avait sans cesse du monde dans la pharmacie. De plus, les gens ne respectaient pas vraiment les distances de sécurité", témoignent Bernard et Magalie à Lyon. Les demandes pour les boîtes de paracétamol, les gels, les masques et les huiles essentielles anti-virales ont explosé. À la pharmacie du boulevard Lafayette à Clermont-Ferrand, l'équipe n'a plus de quoi fabriquer des solutions hydro-alcooliques à cause d'une pénurie des composants nécessaires. "C'est pareil, nous n'avons toujours pas reçu de masques. Le stock de doliprane a vraiment baissé mais nous en avons encore suffisamment. Nos patients sont évidemment inquiets concernant l'approvisionnement des médicaments donc ils se sont rués en pharmacie avant le confinement", nous disent-ils.
"On n'a pas encore commencé à appliquer la consigne d'une boîte de paracétamol par patient", dit une pharmacienne
Peu de pharmaciens que nous avons interrogés pratiquaient déjà le rationnement ce matin à une boîte de paracétamol par personne (deux boîtes en cas de douleurs ou de fièvre) décidé à partir de ce mercredi 18 mars en pharmacie par l'Agence nationale du médicament "afin de garantir sa disponibilité". "On n'a pas encore commencé à appliquer la consigne d'une boîte de paracétamol par patient car nous en avons encore beaucoup au stock et la consigne vient de tomber", note t-on derrière le comptoir de la pharmacie de la Montade à Aurillac.
Un avertissement concernant les huiles essentielles
Les huiles essentielles réputées pour leurs propriétés anti-virales jouissent également d'un vif succès. "Nous avons beaucoup de demandes concernant les huiles essentielles comme la Ravintsara ou la Teatree. On fait des rappels d'utilisation aux gens car beaucoup ne savent pas qu'il faut en mettre de très petites quantités", confie Maelys Portal préparatrice à la pharmacie de la Montade. Les renouvellements d'ordonnances sont, elles, un vrai luxe pour soulager les médecins généralistes selon les témoignages des pharmaciens. "Nous sommes très souples. Quand un patient vient prolonger une ordonnance qui vient de se finir, nous renouvelons sans problème. Par contre les gens qui viennent avec une ordonnance vielle de six mois et on en a vu, c'est non !", affirment Bernard et Magalie à la pharmacie des Canuts à Lyon.
Elément rassurant pour les pharmaciens que nous avons interrogés, ils ont tous constaté une nette baisse du nombre de patients depuis le début du confinement mardi 17 mars à midi.