Coronavirus COVID-19 : les entreprises du BTP "entre le marteau et l'enclume"

Si de nombreuses entreprises sont contraintes de fermer leurs portes pour limiter la propagation du Coronavirus COVID-19, les entreprises du BTP peuvent continuer leur activité. Une décision qui ne satisfait pas les chefs d’entreprise, qui sentent un danger pour la santé de leurs salariés.

Pour endiguer l’épidémie de Coronavirus COVID-19, les décisions gouvernementales ont contraint de nombreuses sociétés a cesser leur activité. Ce n’est pas le cas, pour l’heure, des entreprises de BTP, qui peuvent continuer à travailler sur les chantiers et intervenir chez les particuliers. Cette situation inquiète de nombreux chefs d’entreprise, qui se sont tournés vers la CAPEB (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), pour y trouver des réponses. « En quelques heures, on a reçu plus de 60 appels d’employeurs inquiets pour leurs salariés. En ce qui nous concerne, nous invitons toutes les entreprises à cesser leur activité, et selon les retours que nous avons de leur part, la majorité ont décidé d’arrêter », explique Catherine Mercier, secrétaire générale de la CAPEB de l’Allier.

"Je dois la protection à mes collaborateurs"

Cesser l’activité et protéger les salariés, une décision qui peut avoir de lourdes conséquences sur la pérennité des entreprises, selon Laurent Dumolard. Il dirige une société de plomberie-chauffage-climatisation à Romagnat (Puy-de-Dôme) et, ce mardi 17 mars au matin, il a renvoyé ses 10 salariés chez eux : « Je ne me sens pas capable d’assurer leur sécurité s’ils continuent à se rendre sur les chantiers. Je dois la protection à mes collaborateurs, et, dans le BTP, on a une obligation de résultats sur la sécurité de nos employés. Si l’un d’entre eux est contaminé alors qu’il travaille sur un chantier ou qu’il intervient chez un particulier, ma responsabilité en tant que chef d’entreprise est engagée. » Le secteur du bâtiment emploie plus d’un million de personnes en France, un million de personnes « laissées dans le flou », selon Laurent Dumolard.

"En l’absence de directives claires, c’est chacun pour sa peau"

Catherine Mercier regrette, elle aussi, l’absence de « directives claires et fermes » du gouvernement : « On nous dit que l’on peut continuer à travailler, mais dans le même temps, des clients refusent l’accès aux chantiers, des maîtres d’ouvrage ferment les chantiers, et il y a de moins en moins de matériel à disposition, donc à terme, malgré les directives, on ne pourra plus exercer nos activités. » Si beaucoup d’entreprises ont anticipé cette cessation d’activité, celles qui continuent à travailler pourraient pénaliser la reprise des autres, selon Laurent Dumolard : « Le problème, c’est qu’en l’absence de directives claires, c’est chacun pour sa peau. Si certaines entreprises continuent leur activités, elles pourront récupérer les chantiers qu’on laisse, ça risque d’être compliqué pour nous par la suite. On ne sait pas si on sera indemnisés après la crise sanitaire. D’un autre côté, on ne peut pas jouer avec la santé de nos salariés. » Entre protéger la pérennité économique de son entreprise et protéger ses salariés, Laurent Dumolard a fait son choix, mais il se sent « entre le marteau et l’enclume ». Face à cette situation, la CAPEB, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) et la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) ont lancé un appel collectif au gouvernement pour demander l'arrêt des chantiers : " Nous avons mis en place une cellule de crise ouverte de 5h30 à 20 heures, pour répondre aux chefs d'entreprise qui sont laissés dans le flou. En attendant, nous les appelons à renvoyer leurs salariés chez eux et à bien sécuriser les chantiers laissés en sommeil", affirme Mathieu Moriou, secrétaire général de la FFB du Puy-de-Dôme. Cette appel n'a, pour l'heure, pas reçu de réponse de la part du gouvernement.
Quelles sont les mesures d'accompagnement pour les entrepreneurs ?
  • Le report et les dégrèvements des charges sociales et fiscales
  • Le report des mensualités de prêts bancaires dans la limite de 300 000 euros
  • L'obtention de fonds de trésorerie garantis par BPI France
  • La création d'un fonds de solidarité destiné aux petites entreprises
  • La suspension des factures de gaz et d'électricité ainsi que des loyers professionnels
  • L'amélioration du dispositif de chômage partiel
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