En raison de l'épidémie de coronavirus, 23 retraités, originaires de Savoie, d'Isère et du Pays de Gex, sont bloqués au Cambodge depuis le 19 mars. Isolés au 18e étage d'un hôtel, ils sont livrés à eux-mêmes et ignorent la date de leur retour en France.
"Ils sont comme des pestiférés. Ils ont été mis au 18e étage d'un hôtel. Quand ils sortent dans la rue, les gens s'écartent ", raconte Morgane. Depuis le 19 mars, sa mère ainsi que 22 autres personnes âgées de 69 à 81 ans, sont bloquées au Cambodge en raison du coronavirus. Livrés à eux-mêmes et lâchés par leur guide, les voyageurs essaient tant bien que mal de trouver une solution pour rentrer.
Ils devaient avoir un rendez-vous à l'Ambassade française ce lundi 23 mars mais l'établissement "a refusé de leur ouvrir ses portes", raconte Morgane. "On est censé trouver refuge auprès d'eux mais ils les ont refoulés", déplore-t-elle.
Refusés à l'aéroport
Tous les ans, les membres de l'association Areco - principalement des retraités de l'Institut pour jeunes sourds de Cognin - effectuent un voyage à l'étranger. Cette année, le départ était prévu pour le 8 mars mais compte tenu des circonstances, les séniors ont tenté d'annuler leurs billets quelques jours avant de partir. À l'époque le confinement n'avait pas encore été mis en place et les Français pouvaient encore aller et venir à leur guise. Les compagnies ont donc refusé l'annulation sauf pour les personnes malades.Là-bas le voyage s'est déroulé sans encombre jusqu'au dernier jour. Le retour était prévu pour le 19 mars et les billets réservés de longue date. Mais la compagnie Emirates a refusé de les laisser accéder à la salle d'embarquement. "Ils se sont faits sortir de l'aéroport, s'indigne Morgane. La compagnie pensait que les Français ne pouvaient pas aller sur le territoire Suisse [une escale était prévu dans le pays helvétique, NDLR]." L'agence de voyage Francony, par laquelle le groupe était passé pour organiser le périple n'a, quant à elle, pas réussi à débloquer la situation.
Les touristes français ont donc dû réserver un hôtel sur place à leur frais où ils sont livrés à eux-même. Le seul vol qu'ils ont réussi à trouver est prévu le 28 mars avec la compagnie Cathay Pacific. Pour cela, ils ont dû débourser 1.200 dollars, pour un billet qu'ils ne sont même pas sûrs de pouvoir utiliser puisque la compagnie affiche sur son site que 96 % des vols seront annulés en avril et en mai. La fille de Carmen a tenté de joindre la compagnie pour avoir davantage de précisions mais sans succès. Sur place, quand les voyageurs ont voulu s'assurer du maintien de leur vol, le personnel de Cathay Pacific leur a répondu : "Vous verrez bien. On n'en sait pas plus que vous". En outre, ils ne sont pas certains d'être acceptés plus longtemps dans l'hôtel où ils résident actuellement.
"Ils risquent d'être à cours de médicaments"
"Elle est livrée à elle-même. Elle n'a pas l'habitude de voyager seule, explique Morgane. Moi je lui ai conseillé de se faufiler dans le premier avion mais elle ne veut pas quitter le groupe." Ce lundi, Morgane a tenté en vain de joindre la cellule de crise du Ministère des affaires étrangères et s'inquiète pour la santé des membres du groupe. "Les plus âgés ont 81 ans. Ils ont tous des traitements et ils risquent d'être à cours de médicaments, craint-t-elle. Le guide ne s'occupe plus d'eux et ils sont vraiment épuisés psychologiquement." De son côté le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a assuré qu'il travaillait pour résoudre la question des Français bloqués à l'étranger. Plus de 60 000 ont déjà pu être rapatriés par le plan de transport mis en place par le gouvernement sur 130 000 Français.