Les agents de la Police aux frontières (PAF) disposent de masques de protection mais ont interdiction d'en faire usage. Pourtant, ces policiers travaillent constamment aux contact du public et s'inquiètent pour leur santé et celle de leur famille en cette période de crise sanitaire.
"On l'impression qu'on nous oublie", déplore David Albert, agent de la Police de l'air et des frontières (PAF) de Chamonix et référent zonal Auvergne-Rhône-Alpes du syndicat Alternative Police-CFDT. Depuis mardi 17 mars, les Français sont contraints de rester confinés pour éviter la propagation du coronavirus. Dans le même temps, consigne a été donnée aux agents de la Police de l'air et des frontières (PAF) de faire des "contrôles systématiques sur les points frontières de l'Italie mais également sur l'ensemble des postes frontaliers" [Suisse, Allemagne, etc.].
Mais les policiers ont interdiction d'utiliser le masque de protection (FFP2 et FFP3) au cours de leurs missions. Matériel qui est pourtant à leur disposition. "Cela nous inquiète pour notre santé mais aussi pour celle de notre famille", déclare David Albert. De telle sorte que les agents menacent leur hiérarchie d'utiliser leur droit de retrait.
"On est en permanence en contact avec du public"
Selon le syndicaliste, le motif de cette interdiction n'est à aucun moment mentionné dans la circulaire. En fait, la consigne viendrait "d'un médecin de la prévention qui aurait jugé que ce n'était pas utile". Une raison qui n'a pas été sans offusquer les policiers puisque, comme le rappelle le syndicaliste, ils sont "en permanence en contact avec du public"."On est sans masque en italie, alerte David Albert. Ça m'inquiète et ça fait des semaines qu'on relance notre hiérarchie. Au début, on avait râlé parce qu'on voulait au moins pouvoir les utiliser dans des milieux confinés". En effet, les agents de la PAF sont parfois contraints de monter dans les bus pour effectuer les contrôles. Ce qu'ils ont notamment dû faire avec ceux qui provenaient de Lombardie au moment où le confinement n'avait pas encore été déclaré. "Et ils nous l'ont refusé", regrette le policier.
Une situation "absurde"
Pour David Albert, cette consigne a été d'autant plus mal reçue que les policiers travaillent en sous-effectif depuis plusieurs années. "On a l'impression d'être le serre-tout", lâche-t-il. Certains policiers ont donc quand même décidé d'utiliser les masques à leur disposition tout en risquant d'être réprimandés.Mercredi 18 mars, le gouvernement reconnaissait le manque de masques en France. Masques qui sont pourtant nécessaires à d'autres professions comme le personnel soignant. Une situation qui rend la consigne encore plus "absurde" selon le policier qui propose : "Au moins, qu'on les donne aux soignants !"