Avec l'épidémie de coronavirus et le confinement, les adoptions d’animaux étaient supendues. Face à l'engorgement des réfuges, samedi 11 avril, le ministère de l’intérieur a décidé d'autoriser les déplacements pour adopter. Une décision saluée par les gérants des refuges d'Auvergne.
L’épidémie de coronavirus COVID 19 a contraint les refuges à fermer, pour des raisons sanitaires, leurs portes au public tout en continuant d’accueillir et de soigner les animaux. A multiples reprises, les associations de protection des animaux se sont mobilisées pour protester contre l'engorgement des refuges. Le ministre de l’intérieur a finalement annoncé dans un communiqué de presse, samedi 11 avril, un assouplissement des règles d’adoption. Christophe Castaner a déclaré : "les déplacements pour l’adoption d’animaux en refuge seront autorisés avec attestation à partir du 16 avril".
"Il était temps ! Depuis le début de la crise nous recevions des demandes d’adoption auxquelles nous ne pouvions répondre" s’exclame Mireille Sergeant, présidente du refuge SPA (Société Protectrice des Animaux) et de la fourrière de la commune de Brioude en Haute-Loire, après l’annonce du ministre de l’intérieur.Nos animaux de compagnie ne doivent pas être des « victimes collatérales » du #COVID19 : alerté par la SPA sur les risques de saturation de ses locaux, le Gouvernement accorde à partir de jeudi une tolérance concernant les déplacements pour l’adoption d’animaux en refuge. pic.twitter.com/ItJRP7YFJy
— Christophe Castaner (@CCastaner) April 11, 2020
Un assouplissement de l’adoption nécessaire
"Avec 45 animaux pour une capacité d’accueil de 38 places, nous n’aurions pas pu tenir longtemps" avoue Mireille Sergeant. Si elle explique s’être très vite adaptée aux mesures de confinement, "notamment grâce à ses équipes de salariés mobilisés qui se relaient pour sortir les animaux au moins deux fois par jour", le surnombre aurait fini par peser sur sa structure. "Nous n’avons pas eu plus d’abandon que d’habitude. Je pense que les gens ont compris que les animaux n’étaient pas porteurs du virus. Mais en l’absence d’adoption les animaux s’entassent. Et nous avons besoin de plus de place pour les soigner" explique la présidente de la SPA de Brioude.Elle soutient les signataires de la pétition mise en place lundi 6 avril par Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA, pour réclamer le retour "d’une adoption solidaire qui respecte des mesures sanitaires strictes". Si aucune décision ministérielle n'avait été prise, Mireille Sergeant s’était préparée à d’autres alternatives. "Si la situation avait continué comme ça, j’aurais pu gagner un peu de place dans les refuges en laissant les animaux trouvés à la fourrière un peu plus longtemps avant de les accueillir. J'aurai aussi pu agrandir leurs dortoirs dans le jardin comme il fait beau". Pour la présidente qui s’investit tous les jours pour la cause animale et ce malgré le confinement, "toutes les solutions étaient préférables à l'euthanasie".
Une adoption dématérialisée
A l'annonce de la reprise des adoptions malgré le confinement, elle s'est réjouie : "Nous voulions que le gouvernement nous fasse confiance et nous respecterons les mesures sanitaires comme nous l’avons fait depuis le début". Comme les salariés de la SPA l’avaient proposé dans la pétition, l’adoption sera presque entièrement réalisée sur internet pour éviter le plus de contact possible.Christian Izalguier, secrétaire de la SPA de Brioude détaille : "Après avoir choisi l’animal sur notre site, la famille d’accueil sera soumise à un questionnaire. En fonction des réponses, nous lui accorderons un entretien téléphonique, et c’est seulement à l’issu de cet entretien que nous pourrons délivrer une attestation pour qu’une seule personne du foyer puisse se rendre à notre refuge". Pour aller voir l'animal, le futur propriétaire devra également remplir une attestation dérogatoire au motif : "familial impérieux".
Mireille Sergeant insite sur le fait que cette "ultime rencontre en vrai" est essentiel dans le parcours de l'adoption. Elle était même prête à se rendre chez les familles d’accueil pour les rencontrer, si les déplacements pour l’adoption d’animaux en refuge n'avaient pas été de nouveau autorisés. Elle utilise le plus possible les réseaux internet et son site en ligne pour pouvoir communiquer avec les familles. Un temps d'échange essentiel dans le parcours de l'adoption.
Etablir un lien de confiance
Pour Michel-Antoine Sibiaud, Président de l’Association de Protection des Animaux du Puy-de-Dôme, si la mesure facilite l’adoption, elle n’est qu’une première étape du processus d’adoption. "Il ne faut surtout pas précipiter une adoption. Pour qu’elle soit optimale il faut avoir le temps d’établir un véritable lien de confiance avec la famille d’accueil. Nous poserons les questions qui nous permettrons de nous renseigner sur leur lieu de vie, leur trait de caractère et leur situation ... pour être sûrs de faire le bon choix. Et prendrons notre temps avant d’organiser le rendez-vous"Pour le président de l’association, il est également essentiel que le transfert de l’animal soit réalisé dans les règles de l’art : "Nos animaux sont suivis par des vétérinaires et il faudra que chaque animal choisi par les familles d’accueil soit confiné par l’organisme le temps d’être désinfecté". Il ajoute que quelle soit l’ampleur de la crise il ne faut pas céder à la facilité : "Il y a de nombreux groupes sur Facebook qui proposent d’adopter. Ça part d’une très bonne intention, mais souvent il s’agit de groupes non reconnus qui n’ont pas les capacités d’assurer le suivi nécessaire. Si c’est pour que les animaux nous reviennent encore plus meurtris qu’avant ça ne vaut pas le coup".
Appels à la solidarité
Alors en attendant le 16 avril prochain, la SPA (Société Protectrice des Animaux) comme l'APA (Association Protectrice des Animaux) d’Auvergne continuent d’apporter leur soutien aux animaux et appellent aux dons : "Le refuge ne reçoit pas d’aides extérieures, il dépend entièrement des dons des particuliers" explique Mireille Sigean qui a mis en place une cagnotte Leetchi. Elle se sert également des réseaux sociaux lorsqu’elle a besoin de matériel pour assurer le bien-être de ses animaux.Michel-Antoine Sibiaud précise qu’une entraide entre les différentes associations est possible "dès lors qu’elles partagent les mêmes cahiers des charges". Une solidarité qui, selon lui, doit continuer jusqu’au bout car "le plus dur reste à venir". "Pour l’instant, les gens ne sortent pas trop de chez eux ce qui limite les abandons. Mais lorsque la vie va reprendre son cours nous craignons une forte vague. Il faudra continuer de se mobiliser" conclut-t-il.