Les directeurs d'EHPAD pourront bientôt recueillir les procurations des résidents. Malgré cette mesure, l'abstention des personnes âgées liée au coronavirus risque d'être importante. Quels impacts aura-t-elle sur le scrutin municipal ? Eléments de réponse avec le politologue Florent Gougou.
Particulièrement vulnérables à l'épidémie de coronavirus qui se propage en France depuis quelques jours, les personnes âgées, par peur d'être contaminées, risquent de s'abstenir fortement aux élections municipales des 15 et 22 mars prochains, rendant d'autant plus incertains les résultats du scrutin.
Pour le politologue Florent Gougou, maître de conférence à Sciences Po Grenoble, l'impact de l'abstention de cette classe d'âge devrait être limité.
"Un certain conservatisme"
"C'est un doux paradoxe. Les personnes les plus âgées sont celles qui sont en général les plus assidues aux élections, à l’exception des plus de 75 ans, qui elles, tendent à beaucoup s’abstenir. On a observé un certain conservatisme dans leur manière de voter, explique le chercheur. Si on prend l’exemple de 2017, 30% de la population de plus de 75 ans s’était abstenue aux élections présidentielles, alors qu'en règle générale, seulement 10% de ce groupe d’âge s'abstient de manière systématique. Dans ce cas, c’est un problème structurel plutôt que conjoncturel."
Pour tenter de pallier ce problème, le gouvernement a annoncé lundi 9 mars que les directeurs d'établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) pourraient bientôt recueillir eux-mêmes les procurations, afin d'en faciliter la procédure.
Une participation relativement limitée aux municipales
Une bonne chose pour le politologue. "C’est une mesure qu’on pourrait faire à toutes les élections et pas seulement aux élections municipales, reprend-il. Ce que je ne voudrais pas, c’est surestimer le poids des personnes âgées dans le scrutin municipal, dans lequel la participation est dans tous les cas relativement limitée.Les personnes âgées pourraient être une partie de l’électorat de droite, à Grenoble, mais on sait très peu de choses sur la manière dont la participation va effectivement évoluer lors de ces élections. On ne sait pas jusqu’à quel point les personnes les plus âgées ne vont effectivement pas venir voter, alors qu’elles auraient pu le faire dans d’autres circonstances. Je serai assez prudent sur cette dimension."
Plus de précisions dans le reportage de Christelle Nicolas et Aurélie Massait :
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