La ville de Sallanches (Haute-Savoie) installe des purificateurs d’air dans les restaurants scolaires, afin d’éviter la propagation de l'épidémie dans ces espaces clos. Cependant, les purificateurs d’air sont-ils vraiment efficaces contre la covid-19 ?
La ville de Sallanches, en Haute-Savoie, a indiqué vouloir installer des purificateurs d’air « au cours du mois de mai » dans l’ensemble des restaurants scolaires. L’objectif : éviter la propagation du Covid-19 dans ces espaces où « le port du masque et les gestes barrières ne peuvent pas être totalement respectés », précise la ville dans un communiqué.
« Actuellement, 95 % des enfants scolarisés sont inscrits à la cantine », détaille Valérie Petit, adjointe à l’éducation de la ville. Un projet qui serait dans les cartons de la mairie depuis plusieurs mois, et qui s'est accéléré, à l'occasion du confinement.
Au total, la ville a investi 27 500 euros dans ce matériel. « C’est un coût important pour notre commune, mais ça va participer à améliorer la qualité des repas », explique le maire de Sallanches, Georges Morand (DVD).
1 805 purificateurs dans les lycées de la région
Un matériel financé en partie par la région Auvergne Rhône-Alpes, conséquence de sa stratégie affichée ces derniers mois de généralisation des purificateurs d’air dans les établissements scolaires.
Bilan à ce jour : la région aurait financé 1 805 appareils dans des lycées, et subventionnés 1 063 purificateurs pour 316 communes sur les 4 133 communes d'Auvergne-Rhône-Alpes.
En effet, en octobre dernier, le président de la région, Laurent Wauquiez (LR), avait mobilisé 10 millions d'euros pour installer des purificateurs d'air au sein des lycées et des écoles.
Jusqu'à présent, rien n'a été prévu en France pour purifier l'air des espaces clos alors même que l'hiver approche.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) October 12, 2020
Comme pour les masques, @auvergnerhalpes prend les devants : 10M€ seront investis dans du matériel de purification pour nos lycées et nos communes. pic.twitter.com/yTjP28za26
En mars, il a réitéré cette volonté, suite à la validation du dispositif par une étude scientifique financée par la région à hauteur de 184 000 euros.
Cette étude, menée par le laboratoire lyonnais Virpath, affirme que plus de 99 % des virus du Covid-19 sont capturés par les purificateurs d'air équipés de filtres hautes performances de type Hepa. Des résultats apportés après deux mois d’expérimentation sur deux modèles de purificateurs.
« Cependant, ils ne nous dispensent pas des autres gestes barrières et de la désinfection des surfaces », précise Manuel Rosa-Calatrava, co-directeur du laboratoire de Virologie et Pathologies humaines (VirPath) au magazine Industrie & Technologies.
"La meilleur façon de renouveler l’air, c’est d’aérer"
Mais si cette technologie a fait ses preuves en laboratoire, son efficacité en conditions réelles reste encore à démontrer selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
En 2017, l’Agence indiquait dans un rapport que «les données scientifiques collectées et analysées ne permettent pas de démontrer l'efficacité et l'innocuité en conditions réelles d'utilisation des dispositifs d'épuration de l'air intérieur.»
« Aujourd’hui, il n’y a pas d’éléments scientifiques qui permettent de prouver l’efficacité des purificateurs », explique Emilie Piet, infectiologue à l’hôpital d’Annecy Genevois. « La meilleure façon de renouveler l’air, c’est d’aérer. Par exemple dans notre hôpital, nous n’avons pas de purificateur, même dans l’espace de restauration », ajoute l’infectiologue.