Le recours au télétravail n'est pas encore privilégié par certaines entreprises des départements alpins, malgré les demandes répétées de certains salariés et les directives gouvernementales.
A quelques jours du second confinement, Guillaume* a contracté le Covid-19. Probablement dans les transports en commun, estime-t-il sans en avoir la certitude. Mais il y a une quinzaine de jours, le télétravail n'était pas encore effectif au sein de son entreprise.
Il s'est donc rendu dans les locaux. "J'ai probablement contaminé un de mes collègues (...) la promiscuité qu'on avait en étant tous présents sur site a forcément eu un impact", raconte-t-il aujourd'hui. Face aux directives du gouvernement et à la flambée des cas de coronavirus, le travail à distance s'est de nouveau imposé dans le service où Guillaume travaille. "Si on l'avait adopté plus rapidement, on se serait moins exposé", regrette-t-il.
Mais cette pratique peine à rentrer dans les mœurs du monde de l'entreprise à l'heure d'un confinement plus souple qu'au printemps. Et ce malgré les sollicitations de certains salariés. C'est le cas de David* qui a alerté sa direction à de nombreuses reprises sur son souhait de passer en télétravail. Sans réponse à ce jour.
"Je ne me sens pas en sécurité"
"Ils ne veulent rien entendre", résume-t-il, désespérant de se rendre chaque jour sur son lieu de travail alors qu'il pourrait exercer à distance. Ce qu'il avait pourtant fait sans accroc au printemps dernier. "Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'un ordinateur et d'un téléphone", explique celui qui travaille dans un bureau pour une entreprise de transports routier du bassin annécien.
La petite agence compte moins d'une dizaine de salariés, tous travaillant en présentiel. Début novembre, l'un d'eux présentait des symptômes du Covid-19. Il a été testé positif et tous ses collègues placés en septaine. "Je ne me sens pas en sécurité", poursuit David qui attend encore les résultats de son dépistage. S'il est négatif, il reprendra aussitôt le travail en présentiel.
#COVID19 l Pour limiter au maximum les risques de contamination, le télétravail à 100% doit être mis en place dès lors que cela est possible.
— Ministère du Travail (@Travail_Gouv) November 9, 2020
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"Les gestes barrières ne sont respectés que depuis qu'il y a eu un cas, constate le Haut-Savoyard. Avant, chaque personne enlevait son masque quand elle se trouvait à son poste de travail." La ministre du Travail s'est rendu ce lundi au siège de plusieurs grandes entreprises pour voir si elles recourent bien au télétravail au "maximum" face au Covid-19. Elisabeth Borne a rappelé que "100% des tâches télétravaillables doivent être télétravaillées" et que les entreprises récalcitrantes s'exposaient à des sanctions.
Mesures partielles
Certaines, pourtant, préfèrent imposer des jours de présence au bureau pour "lutter contre l'isolement des salariés". Même pour ceux qui préfèreraient rester en télétravail à plein temps comme Adeline*, employée dans une banque à Chambéry. Lors du dernier confinement, son employeur avait fourni tout le matériel nécessaire pour travailler à distance, ce qu'elle a fait jusqu'en juillet. Mais cette fois, elle doit se rendre au bureau deux jours par semaine au minimum alors que les tâches qu'elle effectue peuvent se faire en télétravail.
"J'ai fait des demandes à mes responsables directs, mais ils me répondent que ce sont les ordres de la direction", explique Adeline qui vit avec sa mère âgée. Alors que la Savoie affiche le taux d'incidence le plus élevé de France et que des cas de Covid-19 ont été détectés au sein de l'entreprise ces derniers mois, son employeur n'a pas changé son fusil d'épaule. "Je trouve qu'ils ne vont pas au bout des choses pour nous protéger", regrette-t-elle.
Le premier bilan de ce confinement allégé doit être dressé par le gouvernement en fin de semaine ou au début de la suivante. Des "mesures complémentaires" pourraient être annoncées alors que la pression sur les hôpitaux continue de s'accroître.
* Les prénoms ont été modifiés