L'Etat a décidé, mardi 15 janvier, de permettre à des communes de mettre à disposition des salariés du BTP des salles polyvalentes pour pouvoir déjeuner. Une décision qui irrite notamment les restaurateurs de Savoie et de Haute-Savoie, qui s'estiment victime d'une nouvelle injustice.
"Des restaurants clandestins." Ces mots, issus du communiqué de l'UMIH (Union des métiers des industries de l’hotellerie) sont forts. Ils traduisent l'exaspération des professionnels de l'hôtellerie et la restauration, dont les enseignes sont fermées depuis le deuxième confinement, le 30 octobre.
Cette déclaration fait suite à l'annonce de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, et du ministre délégué chargé des Petites et moyennes entreprises, Alain Griset, mardi 15 décembre, qui permet aux communes de mettre à disposition des salariés des entreprises du BTP des salles polyvalentes pour effectuer leur pause déjeuner. Une demande des salariés de ces entreprises, qui désiraient déjeuner au chaud, dans une salle, et plus dans leur véhicule. "La concertation sur la gestion de la crise sanitaire, conduite de manière permanente avec les associations représentant les élus locaux, a permis de définir une solution concrète au service des entreprises de proximité", a déclaré Jacqueline Gourault.
Ils sont essentiels pour la Relance.
— Alain Griset (@alaingriset) December 15, 2020
Ils le demandaient, avec @j_gourault, nous ouvrons la possibilité pour les ouvriers du BTP de déjeuner au chaud. https://t.co/iMcxf4rZJ4
La décision est loin de satisfaire l'UMIH, qui représente un grand nombre de cafés, restaurants, hôtels et discothèques. La demande du BTP leur semble légitime, mais ils ne comprennent pas la logique. A l'image de Sébastien Buet, gérant d'un hôtel-restaurant à Evian-les-Bains (Haute-Savoie) et vice-président de l'UMIH Savoie - Haute-Savoie, extrêment remonté.
"On marche sur la tête, on a touché le fond, on tombe à la renverse. Après on n'est plus à un paradoxe près."
Une entreprise sur deux en grand danger ?
Pour lui, cette décision va à l'encontre des préconisations scientifiques et de celles de l'Etat. "Les ouvriers vont se rassembler dans des grandes salles, dans un milieu clos, sans aucun protocole sanitaire alors que des professionnels peuvent les accueillir dans des salles plus petites avec un protocole bien défini." Il ajoute : "On multiplie le nombre de convives dans une même salle, c'est tout ce qu'il ne faut pas faire."
Déjà, le fait que les cantines scolaires et d'entreprise aient pu rouvrir avait mis en rogne ce syndicat professionnel. Cette annonce sonne comme un nouveau coup de massue. "On veut qu'il y ait du bon sens, de l'équité commerciale et une visibilité. L'Etat n'a pas à prendre des mesures à l'encontre de la santé publique", poursuit Sébastien Buet, qui se sent impuissant face à cette situation.
Il a même décidé, avec d'autres collègues, de ne "plus accueillir des représentants de l'Etat à l'avenir, vu le mépris avec lequel on a été lâchés. On nous stigmatise en permanence". Selon une récente étude notamment menée par l'UMIH, 1 entreprise sur 2 parmi les cafés, restaurants, hôtels et discothèques, pourrait fermer dans les prochains mois, malgré les aides de l'Etat - M. Buet devrait toucher 10 000 € en novembre et décembre
Pour l'heure, nous n'avons pas eu connaissance de communes qui ont mis à disposition des salariés du BTP une salle polyvalente pour le déjeuner. Cela devrait être le cas dans les jours qui viennent, la mesure étant récente.