Dans le Puy-de-Dôme et l’Allier, les services funéraires ont dû s’adapter face au COVID 19

Après deux vagues de COVID 19, les services funéraires du Puy-de-Dôme et de l’Allier connaissent un peu de répit en ce mois de février. Les entreprises de pompes funèbres ont dû adopter de nouveaux protocoles.

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Jeudi 11 février, d’après les données de Santé Publique France, dans le Puy-de-Dôme, 499 décès dus au COVID 19 ont été enregistrés depuis le 1er mars, et 447 dans l’Allier. Les entreprises de pompes funèbres ont connu un surcroît de travail lors des deux premières vagues. Une tendance à la baisse de décès dus au COVID se profile. Christophe Debarbat, conseiller funéraire des pompes funèbres Beuze à Montluçon, affirme : « Actuellement, l’activité est plus calme. C’était beaucoup plus chargé à l’automne et en décembre. En décembre, environ 2 défunts sur 10 étaient des cas de COVID 19. Là on est sur un cas sur 10. On a eu pas mal d’arrivées de corps : ce sont des arrivées extérieures où il y avait beaucoup de cas de COVID. Ce sont des arrivées de Paris principalement ».
 

On est redescendus et on est sur un plateau

Même constat dans le Puy-de-Dôme. Olivier Gehin, directeur du développement du groupe Dabrigeon, explique : « On est à un taux de 15% de décès à l’heure actuelle concernant le COVID 19. Du 12 janvier au 12 février, on a eu 40 cas de COVID. Du 1er février eu 12 février, on a eu 110 décès au total. On a eu une période où on était à 30% des décès dus au COVID en octobre, novembre et décembre. On est redescendu et on est sur un plateau ». Pour les services funéraires, un cas de COVID est traité différemment d’un décès « classique ».  Olivier Gehin souligne : « Quand il y a un cas de COVID 19, on est sous une procédure de mise en bière rapide. On ne peut pas transporter le défunt sur une civière comme les autres pour les amener dans nos pièces réfrigérées et nos salons. On doit aller chercher le défunt et le mettre sur place en bière. C’est perturbant car l’opération qu’on nous demande obéit à des critères d’urgence. On ne peut transporter le corps qu’en cercueil. C’est très contraignant. Ca nécessite un double cheminement des défunts : il y a les défunts « normaux » et les cas de COVID qu’on ne met pas avec les autres. Si on fait n’importe quoi il y a le risque de faire un cluster dans l’entreprise, et on doit fermer. On est obligé d’avoir des règles d’hygiène et de désinfection beaucoup plus sensibles ».

Un protocole à suivre

Un protocole spécifique est aussi adopté pour le personnel. Christophe Debarbat indique : « Pour les cas de COVID, le personnel porte des combinaisons, des lunettes, des surchaussures. On pratique une désinfection du cercueil voire on utilise une double housse. On ne doit pas toucher le corps et on ne pratique pas de soins mortuaires ». Avec ces protocoles, l’objectif est de réduire les risques pour le personnel. Le directeur du développement du groupe Dabrigeon précise : « On pourrait être inquiet s’il y a un danger mais pas s’il y a un risque. Il y a une différence. N’importe quel défunt est suspect d’être porteur d’une maladie qui n’a pas forcément été détectée de son vivant. On a l’habitude de règles de sécurité sanitaire et on prend des précautions standard. Quand le COVID est signalé pour un défunt, on prend quelques précautions supplémentaires mais ça ne nous trouble pas outre mesure. Le danger c’est autre chose car ça voudrait dire qu’on n’est pas préparé et qu’on ne sait pas réagir. Notre métier est à risques mais le personnel sait qu’on fait tout ce qu’il faut pour le former et l’équiper. A partir de là, il n’y a pas d’angoisse ».

Il y a toujours un peu cette angoisse quand on est confrontés à des cas de COVID

Un sentiment qui n’est pas partagé par le conseiller funéraire des pompes funèbres Beuze à Montluçon. « Le personnel est perturbé aussi en raison de la surcharge de travail. Il y a toujours un peu cette angoisse quand on est confrontés à des cas de COVID » confie-t-il. Malgré tout, le personnel doit continuer à exercer son métier, en dépit des contraintes. Olivier Gehin affirme : « Chez nous, le problème psychologique ne vient pas forcément des cadavres. Ce n’est pas cela qui nous pose souci mais de voir des gens pleurer, de gens frustrés, des gens dans le deuil. Le problème est de voir les familles venir chez nous et de ne pas pouvoir leur proposer le cheminement habituel. C’est cela qui peut être troublant. On va tout faire pour maintenir une ambiance sereine et de l’empathie pour répondre aux besoins des familles. On est un peu affecté de voir les gens dans la détresse car le COVID leur tombe dessus et les gens ne sont pas préparés. Le COVID a atteint des personnes très âgées et surtout des pensionnaires d’EHPAD ».

Des professionnels prêts

Dans le secteur funéraire, il est bien évidemment difficile d’anticiper. Les professionnels se disent prêts à faire face à une augmentation des décès. « L’hospitalisation de personnes souffrant de COVID connaît un plateau, qui n’est pas dramatique, contrairement aux vagues connues en 2020. On n’est pas en Auvergne dans une situation qui nous fait paniquer. On a les installations funéraires pour y répondre. On arrive à une augmentation naturelle de la mortalité, prévue par l’INSEE. On est dans une phase de mortalité croissante mais on n’est pas pris de cours. Peut-être qu’il faudra qu’on adapte sur le long terme nos installations, en ayant plus de frigos et de salons » estime Olivier Gehin. Cependant, les professionnels du secteur pointent du doigt un manque de reconnaissance. Christophe Debarbat conclut : « C’est une profession où on est un peu oublié. On ne parle pas de nous. On est pourtant en première ligne. Il y a très peu de reconnaissance. On ne nous a pas parlé de vaccins alors qu’on peut être des cas contacts ».

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