De Chambéry à Annecy, de nombreuses collectivités, associations et particuliers s'organisent pour aider la population ukrainienne victime de l'invasion de l'armée russe.
Dans les Alpes, les initiatives pour venir en aide, d'une manière ou d'une autre, à la population ukrainienne victime des bombes russes sont trop nombreuses pour être toutes citées. Depuis quelques jours et les images de centaines de milliers d'Ukrainiens (dont une large proportion de femmes et d'enfants) qui fuient le pays pour échapper aux combats, la flamme de la générosité s'est allumée dans les vallées alpines.
Plusieurs villes de la région ont ainsi annoncé des mesures de soutien à l'Ukraine. À Chambéry, le maire Thierry Repentin va soumettre au vote du prochain conseil municipal une subvention de 10 000 euros "afin de participer à l'effort collectif des solidarités à l'égard de l'Ukraine". Le cabinet du maire a indiqué à France 3 Alpes que l'argent versé transitera par le ministère des Affaires étrangères via le fonds dédié ouvert par l'Etat. Ce chèque de 10 000 euros sera utilisé pour financer des actions humanitaires sur place. "Ce fond d'action permet une meilleure traçabilité. Il s'inscrit dans une coordination internationale et permet de mieux identifier les besoins", ajoute Aurélie Le Meur, première adjointe à la ville de Chambéry chargée des relations internationales.
L'adjointe au maire explique que la commune savoyarde est prête à accueillir des réfugiés ukrainiens : "On l'avait déjà fait à l'époque de la crise syrienne ou pour les réfugiés afghans. Nous souhaitons prendre notre part dans l'accueil des réfugiés ukrainiens et nous l'avons fait savoir à la préfecture."
Des aliments non périssables et du matériel de premier secours
D'autres communes ont choisi de mener des collectes de produits de première nécessité pour aider les Ukrainiens à passer ce terrible hiver, qui voit tomber la neige et les missiles sur Kiev ou Kharkiv. En Haute-Savoie, la ville d'Evian organise ainsi une collecte de denrées alimentaires et de vêtements auprès des habitants dans le cadre d’un convoi humanitaire. Un point de collecte est mis en place à l'hôtel de ville. Quels sont les biens dont les Ukrainiens ont le plus besoin ? Des vêtements chauds, des sacs de couchage, du matériel de premier secours (pansements, matériel de suture, des solutions antiseptiques...), mais aussi des batteries pour téléphone portable ou des aliments non périssables (riz, pâtes, conserves...).
Il y a aussi des communes qui proposent de mettre des logements à disposition de réfugiés ukrainiens qui arriveront en France. Dans le village de Saint-Colomban-des-Villards en Savoie, le maire Pierre-Yves Bonnivard est prêt à mettre plusieurs logements à disposition d'Ukrainiens. "Nous avons des gîtes communaux disponibles, que nous gardons vides en cas de besoin, capables de loger deux ou trois familles", indique l'édile dans le Dauphiné Libéré.
Dix camions sont partis d'Annecy pour livrer des vivres
De multiples initiatives viennent aussi de particuliers. À Annecy, des habitants ont organisé en début de semaine une collecte de denrées alimentaires qui a connu un énorme succès. "C'était assez fou de voir autant de monde en flux continu", témoigne François Stefanaggi, patron du restaurant Vinistrot. Avec trois autres personnes, il a pris la route mercredi matin à bord d'une camionnette en direction de l'Ukraine pour livrer à des contacts sur place plusieurs centaines de kilos de nourriture. Ils sont accompagnés de neuf autres camionnettes qui sont partis eux aussi d'Annecy ce mercredi. En tout, ce sont vingt personnes qui composent ce convoi. Chaque véhicule transporte environ 1,5 tonne de nourriture. Ils avaient atteint Munich en Allemagne mercredi en milieu d'après-midi.
Dans une lettre, le sénateur haut-savoyard Loïc Hervé a salué cette collecte annécienne qui "a montré l'élan de solidarité qui s'est déployé, de la part de nos concitoyens (...) face aux ravages de cette guerre".
Toujours sur les bords du lac d'Annecy, l'association haute-savoyarde Yambi a créé avec des ONG françaises et polonaises le mouvement "Corridor Citoyen". Ils demandent à l'Europe d'ouvrir un corridor humanitaire dans toute l'UE afin de permettre aux personnes fuyant les combats de choisir leur pays d'accueil. Ils ont aussi lancé une grande collecte de denrées. Leur convoi partira d'Annecy samedi 5 mars.
On reçoit dans tous les sens des demandes d'habitants qui disent qu'ils ont de la place pour accueillir des Ukrainiens
Les bénévoles recensent actuellement les demandes à la frontière de personnes souhaitant rejoindre la France depuis la Pologne et des bénévoles sur place les aident à coordonner les départs.
À Chambéry, le cabinet du maire explique également recevoir des dizaines de messages d'habitants qui veulent savoir comment mettre la main à la pâte pour aider. "On reçoit dans tous les sens des demandes d'habitants qui disent qu'ils ont de la place pour accueillir des Ukrainiens. Mais pour les réfugiés, le lien doit être fait par l'Etat. On fait remonter à la préfecture de la Savoie les propositions qui remontent", précise la municipalité.
En Isère, la préfecture nous indique qu'un dispositif d'accueil a été activé le 1er mars. pour accompagner les initiatives. Les intercommunalités sont ainsi invitées à recueillir les offres exprimées par les mairies et les particuliers, et à les transmettre à la préfecture. Les bailleurs sociaux sont également appelés à faire part de leurs capacités d’hébergement disponibles le cas échéant. "En 24 heures, les premières propositions sont arrivées et les présidents d’intercommunalité, qui y sont très favorables, relaient l’information auprès de leurs communes". La vague n'est pas prête de retomber.