Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, a annoncé jeudi 21 mai 2020 la réouverture progressive des refuges à partir du 2 juin et sous conditions. Consignes sanitaires strictes, séparation des groupes et réservations obligatoires au menu.
Les refuges de montagne ont donc obtenu l'autorisation d'ouvrir depuis le 2 juin 2020. Une autorisation ministérielle bien accueillie par les gestionnaires qui ont dû mettre la main à la poche. Objectif : adapter leurs bâtiments pour recevoir les randonneurs et autres montagnards dans des conditions sanitaires strictes.
Le parc de la Vanoise, qui gère 16 des 32 refuges de ce massif protégé, a dû débourser 32 000 euros supplémentaires pour mettre en place les normes "Covid 19" de ses bâtiments.
"Pour vous donner une idée, nous avons acheté pour 21 000 euros d'alèses plastifiées afin de permettre une désinfection quotidienne des dortoirs. C'est d'ailleurs notre plus gros poste de dépense, mais il y a aussi un budget de 3000 euros alloué à des panneaux de plexiglas, installés par les gardiens de refuge", précise Eva Aliacar, directrice du Parc National de la Vanoise.
Emmanuelle Wargon a annoncé ce matin la réouverture des refuges de montagne à partir du 2 juin sous conditions.
— FFCAM (@clubalpin) May 21, 2020
Nicolas Raynaud, président de la #FFCAM précisera les conditions de réouverture lors de son interview sur France Info à 12h02 et sur Europe 1 à 12h10.#espritclubalpin pic.twitter.com/MgjNtMPTxN
Les gardiens eux aussi, ont mis la main au portefeuille pour assurer les conditions sanitaires drastiques imposées par le Ministère. Ils ont dû prendre en charge la moitié de la facture des tentes et des matelas qui s'élève à 9000 euros pour l'ensemble du Parc.
Des exigences qui correspondent à un protocole rigoureux soumis aux préfectures, afin que la distanciation soit respectée, et afin d'assurer la sécurité des clients comme celle du personnel. Il a, par exemple, fallu cloisonner les chambres de couchage, et faire divers aménagements pour la circulation des randonneurs. "Les gardiens ont débordé d'ingéniosité pour rendre les choses plus joyeuses, comme le marquage au sol, représenté par des empreintes d'animaux", rajoute Eva Aliacar.
Autre contrainte, le nombre de places, qui sera limité dans chaque refuge en fonction de sa capacité d'accueil une fois les normes installées. La restauration elle aussi sera impactée avec le soucis impérieux de ne pas mélanger les groupes de randonneurs, un vrai casse-tête en perspective, tout comme celui du couchage.
Même son de cloche et même soucis en perspective pour la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne), qui gère environ 120 refuges en France et annonce déjà une perte de chiffre d'affaires d'un million d'euros à cause de la saison printanière partie en fumée avec la pandémie.
"Chaque bâtiment va s'adapter aux normes. Chaque refuge est un cas particulier en fait, et l'ouverture sera plus ou moins longue, selon la configuration des lieux", souligne Niels Martin, directeur adjoint à la communication de la FFCAM, inquiet pour l'économie du secteur. "Nous sommes contraints de reporter des dépenses de travaux ou d'entretien de certains refuges et nous sommes inquiets pour les gardiens de refuges qui vont avoir du mal à gérer leurs stocks et leur personnels".
Dans ce contexte un peu sombre, les acteurs de la montagne restent optimistes et espèrent accueillir du monde cet été, pour limiter la casse. Tous les regards sont maintenant braqués sur les réservations qui doivent se faire impérativement, par téléphone ou en ligne. Internet étant davantage préconisé pour le traçage des randonneurs, à la fois pour des raisons de sécurité (savoir d'où viennent les groupes de montagnards et où ils se rendent) que pour des raisons sanitaires (nom des membres du groupe et lieux où ils ont résidé en cas de foyer épidémiologique déclaré).
Bon an mal an, les gestionnaires de refuges espèrent ouvrir un peu plus de bâtiments chaque jour, pour être au maximum de leur capacité d'accueil au début du mois de juillet, en espérant que les aménagements qu'on leur impose ne tueront pas "l'esprit montagne" tant recherché par les randonneurs.