Poursuivi dans une affaire de transport de drogue, Mohammed Bessame, figure du banditisme lyonnais, risque de 13 à 15 ans de prison. L'accusé dit avoir été manipulé par la PJ de Grenoble.
Dans cette affaire, Mohamed Bessame, qui s'était déjà illustré en s'évadant par hélicoptère de la prison d'Aiton fin 2005, est poursuivi pour l'organisation d'un go-fast transportant 624 kilos de cannabis, intercepté dans la Drôme en juin 2012. Mais il crie à la manipulation, mettant en cause les conditions de l'enquête menée par l'antenne de Grenoble de la direction interrégionale de police judiciaire (DIPJ) de Lyon: un indicateur de la police l'aurait incité à participer à ce trafic via un "infiltré illégal".
Lors de son réquisitoire, l'avocat général a balayé les récriminations de la défense. "Ce n'est pas un dossier monté contre Mohammed Bessame avec l'aide d'un infiltré", a déclaré le magistrat. "Le départ de cette affaire est une pure opportunité" basée sur "des faits de surveillance", notamment téléphoniques, a soutenu Jean-Paul Gandolière.
Fustigeant une "stratégie de défense" bâtie "pour atténuer sa responsabilité", l'avocat général a décrit Mohammed Bessame comme l'architecte de ce go-fast "à chaque instant du dossier". "Les policiers n'ont rien à cacher", a-t-il ajouté, contestant que "188 faux" entachent la procédure, comme le dénonce la défense. "Il n'y a pas de volonté de manipulation", a-t-il insisté, concédant tout au plus "quelques erreurs d'inattention ou de précipitation".
Ce mercredi 18 février, de 13 à 15 ans de prison ont été requis à l'encontre de Mohammed Bessame. L'homme avait été condamné en première instance à dix ans de prison. Le jugement est attendu le 24 mars.
Très critiques à l'égard d'une procédure entachée, selon eux, de graves irrégularités, les avocats des six hommes (Bessame et des co-prévenus) ont demandé mardi, sans succès, le renvoi du procès. Le président de la cour a décidé de joindre les incidents au fond et de poursuivre les débats, provoquant le boycott de l'audience par les prévenus et leurs conseils, pour lesquels il était "hors de question de participer à une audience qui va examiner une procédure radicalement viciée", selon l'un d'eux, Me Bertrand Sayn.