La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) n'a "rien à voir" avec le meurtre de deux opposants congolais en 2000 à Chasse-sur-Rhône en Isère, a assuré un ancien haut responsable du service de renseignement français devant la cour d'assises de l'Isère.
"La DGSE n'a rien à voir ni de près ni de loin avec l'incident intervenu à Chasse-sur-Rhône", a déclaré à la barre le général Gérard Martinez, ancien directeur adjoint du renseignement à la DGSE.
Deux hommes, jugés depuis lundi par la cour d'assises de l'Isère, sont accusés d'avoir fomenté l'assassinat de Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d'une tribu de la région du Kivu en République démocratique du Congo (RDC), et d'Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire du gouvernement congolais à l'époque de Mobutu.
L'un des deux accusés, Benoit Chatel, homme d'affaires belge aujourd'hui disparu, avait au cours de l'enquête révélé ses liens avec la DGSE et affirmé que les victimes étaient suivies et écoutées par le service français.
"Il a gonflé la relation (avec la DGSE, ndlr), soit pour se faire mousser, soit pour faire un écran de fumée sur d'autres activités", a affirmé le général Martinez. Selon lui, M. Chatel n'était pas une "source rémunérée" de la DGSE mais un simple "contact" qui fournissait des "informations à caractère politique" sur la RDC.
La DGSE cherchait alors des renseignements sur l'impact du pillage des ressources de la RDC sur la poursuite des combats dans le pays. C'est dans ce cadre qu'elle a travaillé avec Benoit Chatel, qui disposait d'un carnet d'adresses "intéressant" sur place, selon Gérard Martinez.
"Il n'a pas apporté d'information ou de renseignement critique" et "le contact n'a duré qu'un an", prenant fin une fois connue l'implication de Benoit Chatel dans les meurtres de Chasse-sur-Rhône, a-t-il indiqué.
Les deux victimes n'étaient pas suivies, a aussi précisé Gérard Martinez, même si l'une d'entre elles était connue de la DGSE pour son implication dans un trafic d'uranium.
Enfin, il a affirmé que la DGSE n'était pas informée d'une collaboration de Benoit Chatel avec les services de renseignement congolais. Mais "tout le monde ici peut s'en douter après coup (...) A l'évolution de la situation, on peut faire des supputations", a-t-il ajouté.
Jugé par défaut, M. Chatel serait mort, selon ses avocats. La dernière trace de lui est une photo d'avril 2012 qui le montre en RDC aux côtés d'hommes d'affaires et d'un ancien ministre.