Le procès en assises de deux hommes, dont un ancien légionnaire, s'est ouvert lundi à Gap dans les Hautes-Alpes pour le meurtre par balles en janvier 2012 au lac du Sautet, située dans le Sud Isère, d'un couple qui, selon leurs amis, était "tombé dans le cercle vicieux" de la drogue.
Amar Zidi et Najoua Nemri, des amis d'enfance âgés de 33 ans et de 28 ans lors de leur disparition en décembre 2011, devaient, selon eux, "plusieurs milliers d'euros" au principal accusé, leur fournisseur.
C'est dans une salle d'audience comble que deux proches des victimes ont témoigné à la barre après le rappel des faits par le président de la cour, Philippe Theuret, et le refus du principal accusé, Bernard Blanc, de s'expliquer.
"Je n'ai pas grand chose à déclarer", a seulement indiqué l'ancien soldat, 65 ans aujourd'hui et assisté médicalement à l'audience. Son complice, Laurent Tedeschi, un amateur de boxe extrême de 36 ans, comparaissait libre. Il est accusé de recel de cadavres.
Très prudent dans ses déclarations, le premier témoin, âgé d'une trentaine d'années et qui s'était rendu au restaurant le soir du double homicide avec le couple, a indiqué que ce dernier "buvait beaucoup", "consommait régulièrement de la cocaïne" et avait une dette de "plusieurs milliers d'euros" auprès de leur dealer présumé, Bernard Blanc. "Combien ?", a alors demandé le président Theuret. "Environ 8.000 euros" pour Amar Zidi et "15.000 euros" pour Najoua Nemri, a répondu son interlocuteur.
Plus prolixe, le deuxième témoin, la quarantaine, un ami d'enfance d'Amar Zidi, a indiqué que dans la région de Gap "Bernard Blanc achetait tout le monde avec sa drogue", sous-entendant que Najoua Nemri, "tombée dans un cercle vicieux", pouvait s'acquitter de ses dettes "avec des relations" avec le "Vieux". "Bernard les fournissait en drogues et après, il s'est passé ce qu'il s'est passé", a-t-il conclu en évoquant implicitement le double meurtre.
Le 17 janvier 2012, les corps gelés et criblés de balles d'Amar Zidi et Najoua Nemri avaient été retrouvés dans une voiture émergeant du lac du Sautet, dont les eaux venaient de baisser.
Après onze mois d'enquête, les gendarmes interpellaient dans sa ferme Bernard Blanc à Saint-Julien-en-Champsaur dans les Hautes-Alpes, mis en cause après le témoignage d'une jeune amie qui a toujours soutenu avoir vu les deux victimes chez lui et avoir entendu trois coup de feu le soir de leur disparition. Elle doit être entendue mercredi à la barre. Aucune trace de sang n'a été retrouvée dans la maison.
Considéré comme un ancien membre du grand banditisme proche du milieu marseillais, Bernard Blanc a été condamné à plusieurs reprises pour détention d'armes et trafic de stupéfiants.
Accusé d'être l'auteur des coups de feu, il encourt 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi.