Après l’attaque au couteau à Romans-sur-Isère, qui a fait 2 morts et 5 blessés le 4 avril dernier, le bâtonnier de la Drôme Thierry Chauvin avait tenu des propos jugés "indignes" par nombre de ses confrères. La polémique qui a suivi l'a conduit à démissionner. Il s'explique.
C'est par un courrier envoyé le 21 avril dernier à ses confrères que Maître Thierry Chauvin avait annoncé sa démission. Le bâtonnier de la Drôme n'avait alors souhaité faire aucune déclaration à la presse. Aujourd'hui, il s'exprime publiquement sur les raisons de sa démission.
Sa décision fait suite à la polémique qui a commencé le 4 avril dernier, lorsque le représentant des avocats drômois publiait sur Facebook (dans un groupe privé), des propos jugés choquants par certains de ses confrères. Maître Thierry Chauvin s’en prenait à l’auteur de l’attaque au couteau de Romans-sur-Isère indiquant qu’il ne désignerait aucun avocat d’office pour le défendre et même que cet homme pouvait “crever où il veut, rien à… et, moi aussi, je pèse mes mots.”
Indignés, certains de ses pairs ont publié une tribune pour dénoncer ces propos dans une revue juridique. Une tribune qui a convaincu Maître Chauvin de mettre fin à sa mission.
« Cette décision est naturellement le fruit d’une longue réflexion, » explique-t-il. « Mes raisons les plus intimes, je les ai réservées à mes collègues. Ce qui a motivé ma décision, c’est la tribune écrite par mes confrères dans un torchon le 13 avril dernier. Elle se conclut de la façon suivante : « Cet homme-là, Abdallah Ahmed-Osman, est l’un des nôtres. Il nous ressemble. Nous sommes faits de la même chair, des mêmes os et le même sang que le vôtre coule dans ses veines. C’est notre frère." ».
D'après Maitre Chauvin, deux de ses prédécesseurs, anciens bâtonniers, ont « applaudi cette tribune » et il soutient que cinq bâtonniers de la Conférence régionale à laquelle le barreau de la Drôme participe lui ont affirmé partager les pensées exprimées par leurs confrères.
Un désaccord profond qui achève de convaincre Maître Chauvin: il ne peut plus représenter la profession.
« Ce qui me choque, c'est que ces gens qui s'érigent en grands moralisateurs sur les réseaux sociaux, ne se rendent pas compte des conneries qu'ils disent. Essayer de remplacer le nom du terroriste par Staline ou Hitler, appelez-les « mon frère », et dites-moi ce que vous en pensez ? Jolie famille, c'est la leur, pas la mienne. Je considère qu'en écrivant de tels propos, on crache sur les familles et les victimes. Notre profession se discrédite, je ne pouvais plus en être l’un de ses représentants ».
Le bâtonnier a informé ses confrères que sa démission ne prendrait effet qu'au 31 mai, après le déconfinement, le temps que l'ordre des avocats drômois puisse organiser de nouvelles élections. « Je ne suis pas du genre à quitter le navire en pleine tempête », a-t-il conclu.